Pour les auteurs – nous sommes alors en 2020 –, la crise mondiale déclenchée par la pandémie de coronavirus entraînera "des perturbations économiques d’une ampleur monumentale, créera une période dangereuse et instable sur de multiples fronts (politique, social, géopolitique) et suscitera de profondes préoccupations environnementales, et développera également l’étendue (pernicieuse ou non) de la technologie dans nos vies".
Klaus Schwab et Thierry Malleret posent un constat de ce qui existe déjà, de ce qui est déjà perceptible, et proposent une "grande réinitialisation" des problèmes économiques, sociaux, géopolitiques, environnementaux et technologiques, un projet programme pour repartir de zéro, estimant que "les crises historiques ont chaque fois été à l’origine d’un changement profond de société". Ils prennent comme exemples la pandémie de peste noire au 14e siècle qui a généré l’apparition de l’Etat moderne, mais également la Seconde Guerre mondiale qui a favorisé en Europe la protection sociale des citoyens, de leur naissance à leur mort.
Projet marxiste selon les uns, néocapitaliste pour d’autres, chacun projette dans le "Great Reset" ses propres convictions. C'est le cas sur plusieurs sites à tendance complotiste.
Notamment, celui de "France Soir", qui n’a plus rien à voir avec le quotidien historique lié à la résistance, donne régulièrement la parole à des proches des thèses complotistes. Par exemple, Philippe Herlin, économiste, membre du Front National dans les années 2000, écrit dans une tribune à propos du "Great Reset" : "On comprend la finalité, il s’agit de tuer le capitalisme, le libéralisme, le libre marché, désigné ici sous le terme de néolibéralisme. […] L’objectif, c’est l’étatisation de la société, décrite comme allant de soi".
Par contre, toujours dans France Soir, Eric Verhaeghe, ancien haut fonctionnaire français (d’origine liégeoise) et auteur de "Le Great Reset, mythes et réalités", dit "croire au vrai service public qui sert l’intérêt collectif, pas celui dirigé par le grand syndicat des élites mondialisées pour leur profit". Il dénonce "La grande réinitialisation", comme un projet néolibéral.