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The Brums, de l’écoute à la danse

The Brums.

© Caroline Lessire

Par Renaud Verstraete via

The Brums, c’est un savant mélange entre une déferlante de cuivres et une batterie survoltée. Brass band électronique, The Brums a fait danser le chapiteau du Micro Festival il y a quelques semaines. Ils seront de retour sur scène lors des Nuits Botanique pour présenter leur premier album sorti en avril dernier chez Luik Music. Nous avons rencontré à cette occasion le saxophoniste, Clément Dechambre. 

On vous a vu remonter sur scène récemment au Micro Festival. Ça faisait quoi de retrouver l’énergie de la scène et du public après ces longs mois ?

Clément : On a pris un pied phénoménal ! C’est marrant parce que j’étais en vacances à ce moment-là. J’ai un aller-retour de France pour venir à Liège. Quand je suis arrivé sur le site du festival et que j’ai vu l’ambiance, à 100 mètres de chez moi, je me suis dit que j’avais bien fait de venir (rires). Retrouver un vrai festival avec une bonne ambiance, c’était la première bonne surprise. La deuxième c’était de se retrouver sur scène entre nous, devant un public réceptif. On sentait vraiment que les gens avaient envie de faire la fête et de se lâcher. Dès les premiers morceaux, on a tout de suite senti que ça allait marcher !

Cette réaction du public, vous l’anticipez en composant avec le live en tête ?

Clément : Oui, ça m’arrive d’ailleurs souvent d’écouter nos démos en essayant de danser dans mon local (rires). On ressent très vite si on a envie de bouger, s’il y a un truc qui nous déstabilise. Avec The Brums, on a envie que notre musique soit une musique qui se danse, mais qui peut s’écouter aussi. Au Micro Festival, on a vraiment ressenti ça avec deux publics différents : ceux qui étaient devant, qui dansaient, qui était vraiment chauds et les gens plus en retrait, qui écoutaient de loin. C’est ça qu’on aime aussi. Moi, quand je vais voir un concert, j’aime bien profiter de ces deux ambiances.

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Quand on évoque The Brums, on pense à cette énergie organique, à ce côté improvisé et imprévisible. Comment avez-vous réussi à capturer ce feeling sur ce premier album ?

Clément : On a tout enregistré en live, à quatre. On a branché nos instruments dans la sono et puis c’était parti quoi ! Par la suite, on a fait quelques petits overdubs, mais c’était plus pour agrémenter la sauce. Ça nous permet de prendre certaines libertés et d’être spontanés. Il y a des moments où on allonge la structure, des moments où on la raccourcit en suivant notre ressenti. Il y a eu quelques versions magiques où il s’est vraiment passé quelque chose de spécial dans la pièce après avoir appuyé sur enregistrer. On voulait garder cette fraîcheur sur le disque parce que c’est une musique qui se vit vraiment sur le moment avec une part d’improvisation.

The Brums – No Encore sorti chez Luik Music.
The Brums – No Encore sorti chez Luik Music. © PLMD

Vous avez choisi de faire appel à un producteur Norvégien, Marcus Forsgren qui a mixé le disque. Comment s’est passée cette collaboration entre Sprimont et Oslo ?

Clément : On a enregistré au KoKo à Sprimont avec Laurent Eyen. On a ensuite envoyé les bandes à Oslo chez Marcus Forsgren qui est le guitariste de Jaga Jazzist. C’est l’un des premiers groupes à avoir mélangé le jazz et la musique électronique. Au-delà du style, c’est surtout leur état d’esprit qui nous plaît beaucoup. A savoir, proposer une musique hybride instrumentale qui permet une certaine ouverture. C’est vraiment des musiciens que l’on suit depuis leurs débuts et à notre sens, ils ont vraiment marqué l’histoire de la musique. Ils ont certainement marqué la nôtre en tout cas.

Qu’a-t-il apporté au niveau du son du disque et de la production ?

Clément : C’était vraiment agréable de travailler avec Marcus parce qu’il est musicien, en plus d’être producteur. Il avait vraiment cette vision d’ensemble que seul un musicien peut avoir. Il y a un morceau, par exemple, où j’avais enregistré plein de pistes de saxophone, de clarinette, etc. Il a lui-même sélectionné dans ces différentes couches les textures adéquates, ce qu’un ingé son n’aurait pas forcément fait. Il a vraiment apporté sa manière de voir la musique.

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Une moitié du disque a été composée par toi, saxophoniste, l’autre par Alain Deval, qui officie à la batterie. Finalement dans The Brums, qui prend le dessus dans cette bagarre, la batterie ou les cuivres ?

Clément : C’est vraiment une collaboration. On aime bien qu’il y ait une unité de style entre tous les morceaux. C’est pour ça qu’on compose uniquement à deux. Ce n’est pas juste parce qu’on a décidé d’être les chefs (rires). Alain, amène souvent les compositions un peu plus méchantes, comme Bagarre que l’on retrouve sur le disque, ou Croco qui est un peu plus agressive. Moi, j’ai une touche un peu plus pop, plus mélodique. Ces deux univers fonctionnent assez bien et sont vachement complémentaires sur le disque. Que ce soit moi ou Alain, on amène souvent un morceau quasi tout produit ou fini sur Ableton avec des sons de synthés. Moi, je rajoute des batteries électroniques un peu dégueulasses (rires) et je le propose au groupe. En général, on garde tout ce qui est structure. On doit juste se dispatcher, qui joue quoi ? Et puis on retourne souvent le morceau dans tous les sens (rires).

Vous évoquez ce côté agressif et pourtant mélodique. On a un peu du mal à qualifier la musique de The Brums. On voit souvent passer les mots jazz, trance, hip-hop. Comment définir votre musique en quelques mois ?

Clément : On a nous-mêmes difficile à la définir (rires). Je dirais qu’on tend vraiment vers une musique qui est à la fois trance, électronique et jazz. Et quand je dis le mot jazz, je préfère toujours aussi spécifier qu’on aime bien le jazz qui vient du fond de l’âme des musiciens. C’est le cas de nos grosses influences, par exemple John Coltrane ou Archie Shepp, qui sont des musiciens qui vont balancer leurs tripes sur scène.

Avant de vous retrouver sur scène lors des Nuits Botanique, une recommandation coup de cœur pour les auditeurs de Jam. ?

Clément : Pour le moment, j’aime beaucoup Beraad Geslagen avec Lander Gyselinck à la batterie. C’est vraiment un gros coup de cœur. Il y a une super scène en Flandre qui nous inspire beaucoup. On va souvent écouter ces artistes de l’autre côté de Bruxelles. Ça bouge pas mal là-bas !

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