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Tensions sur l'élargissement de l'espace Schengen à la Roumanie, la Bulgarie et la Croatie

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Par Belga édité par D. V. Ossel

La Commission européenne doit publier ce mercredi une communication sur l'accession de la Croatie, de la Roumanie et de la Bulgarie à l'espace Schengen de libre circulation des personnes.

Les astres semblent alignés pour un élargissement au 1er janvier à la Croatie, qui doit d'ailleurs aussi adopter l'euro à cette date. Mais pour la Roumanie et la Bulgarie, les Pays-Bas restent à convaincre. Autre question: l'élargissement incitera-t-il certains États membres à ré-instaurer des contrôles aux frontières par crainte migratoire, plutôt que les supprimer?

La Roumanie et la Bulgarie demandent depuis 2011 d'accéder à l'espace Schengen, cette zone de 26 pays (dont 22 membres de l'UE) dans laquelle les contrôles aux frontières intérieures sont théoriquement levés pour permettre aux citoyens de circuler librement. Le mois dernier encore, le Parlement européen a appelé - et pour la quatrième fois - à l'adhésion de Bucarest et Sofia.

"Risque sécuritaire"

Mais les Pays-Bas freinent depuis des années, dans ce dossier qui requiert l'unanimité. Une majorité de députés néerlandais ont réclamé le mois dernier, pour ces deux pays qui sont membres depuis 2007 de l'Union européenne, des contrôles et des garanties supplémentaires en matière de respect de l'État de droit et de lutte contre la corruption et le crime organisé. Ils disent craindre un risque sécuritaire pour les Pays-Bas et l'ensemble de l'espace Schengen.

Pour le président bulgare, Rumen Radev, son pays et la Roumanie sont devenus "les otages" de la politique intérieure néerlandaise, et les Pays-Bas sont "isolés" sur ce sujet.

La voie semble dégagée au contraire pour la Croatie. Le Parlement européen a rendu la semaine dernière un avis positif, et la décision formelle des États membres pour une adhésion au 1er janvier 2023 est attendue lors du Sommet européen de la mi-décembre.

Slovénie

Si l'on s'attend à ce que la Commission recommande ce mercredi aux Vingt-sept de donner leur feu vert aux trois pays, la réaction de la Slovénie sera particulièrement observée. Ce pays et la Croatie nourrissent depuis des décennies un différend sur la délimitation de certains pans de frontière maritime et terrestre. Un arbitrage avait été scellé, mais la Croatie s'en est retirée. 

D'aucuns ont prêté à la Slovénie une volonté d'utiliser le dossier Schengen pour forcer Zagreb à revenir à cet arbitrage, mais des déclarations récentes de la ministre slovène des Affaires étrangères Tanja Fajon laissent entrevoir un vote positif accompagné d'une déclaration.

Toutefois, la même Tanja Fajon a annoncé lundi que son pays envisageait aussi le retour de contrôles aux frontières avec la Croatie, si cette dernière entrait dans l'espace Schengen.

Cette accession ferait en effet d'une partie de la frontière croate une frontière extérieure de Schengen. La Slovénie craint que Zagreb ne soit pas capable de contrôler suffisamment la route migratoire des Balkans occidentaux. L'Autriche a déjà réinstauré des contrôles frontaliers pour la même raison depuis 2015 à ses frontières avec la Slovénie, la Slovaquie et la Hongrie.

La nouvelle communication de la Commission européenne sera présentée mercredi par la commissaire aux Affaires intérieures Ylva Johansson. Les ministres de l'Intérieur de l'UE se réuniront sur ce sujet les 8 et 9 décembre prochains, avant le Sommet européen une semaine plus tard.

 

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