Santé & Bien-être

Télétravail : "Une marge de progression considérable"

Télétravail : "Une marge de progression considérable".

© Maskot - Getty Images/Maskot

Temps de lecture
Par RTBF TENDANCE avec AFP

 

Comment expliquer le recul du télétravail après le déconfinement ?

La raison majeure me semble être la perception par la hiérarchie d'une perte de contrôle des travailleurs. C'est la résistance qu'oppose le système en général depuis l'avènement du télétravail. Avant la Covid, selon les enquêtes, on était entre 3 et 10% de télétravailleurs, selon la fréquence de télétravail. On est passé à 30% pendant le confinement. Pourquoi, tout d'un coup, des activités sont-elles devenues télétravaillables ? Pourquoi n'y en aurait-il pas au-delà ?

Aux Etats-Unis, après la première vague du Covid, 58% des actifs étaient en mode télétravail (33% en télétravail constant et 25% en partiel). La différence avec la France est énorme. La notion de télétravail est à géométrie variable. Cela veut dire que la marge de progression est considérable.

 

Cela vaut-il aussi bien pour les grandes entreprises que pour les PME ?

Je fais un rapprochement avec l'émergence de l'informatique personnelle au début des années 80, quand les travailleurs avaient leur micro-ordinateur sur le bureau. La perte de contrôle due à l'autonomisation des pratiques a fini par s'imposer parce que la productivité était au rendez-vous.

Pourquoi les directions d'entreprise ne font pas aujourd'hui le même constat alors que toutes les études convergent pour faire valoir une intense productivité du télétravail ? PSA l'a compris. Facebook, Twitter ont un coup d'avance et voient aussi les économies considérables à réaliser dans le mobilier d'entreprise, les frais d'entretien, la logistique...

Les petites entreprises, en excluant les startups qui ont basculé depuis longtemps dans le télétravail, sont scotchées au lieu du travail parce qu'un certain nombre d'activités ne sont pas éligibles au télétravail et la notion de contrôle y est souvent plus prégnante. Mais ceux qui télétravaillent aujourd'hui le savent : il est assez facile de les contrôler à distance.

 

La résistance n'est-elle pas aussi du côté des travailleurs, le confinement ayant montré qu'il n'était pas facile pour tout le monde de travailler depuis chez soi ?

N'est-on pas en train de s'enfermer, avec la Covid, dans une notion très réductrice du télétravail à domicile dont le confinement a montré les difficultés que cela pouvait poser ? On continue de marteler que le travail à distance = travail à domicile, je pense que c'est une erreur. Le télétravail n'est vu par les entreprises et aussi les pouvoirs publics que comme un outil protecteur du Covid.

Cela dit, le système a une difficulté à voir que le télétravail n'est pas une commodité mais une rupture sociétale. L'opinion est prête, elle en a fait la démonstration : les chiffres montrent une appétence majoritaire des actifs pour le télétravail, de l'ordre de 80%.

Le télétravail renvoie à l'idée d'un travail apaisé, maîtrisé, autonome. Cela instille surtout l'idée neuve d'une coexistence possible de la sphère du travail avec les sphères personnelle, familiale et sociale. Tout lieu connecté devient éligible au télétravail. Le télétravail de demain renverra à un archipel de lieux de vie où pourront cohabiter des activités professionnelles ou non.

Inscrivez-vous à la newsletter Tendance

Mode, beauté, recettes, trucs et astuces au menu de la newsletter hebdomadaire du site Tendance de la RTBF.

Sur le même sujet

La pandémie brouille la frontière entre travail et vie privée

Santé & Bien-être

Temps de lecture

Articles recommandés pour vous