Indira Gandhi et Che Guevara, une rencontre en français
Indira Ghandi est la fille de Nehru, qui a été le premier Premier Ministre de l'Inde. Elle est instable, souffre de la mésentente de ses parents. Elle sera toujours dans l'ombre de son père et en souffrira. Elle est adolescente dans les années 20-30 quand les mouvements d'indépendance commencent. Elle devient graduellement l'assistante de son père et tout à coup, elle joue un rôle-clé sur l'échiquier politique indien. En 1959, au moment où se déroule cette histoire, elle est depuis peu la présidente du Parti du Congrès, qui existe toujours aujourd'hui. Elle est l'épouse de Feroze Gandhi, d'où le nom d'Indira Gandhi, qui n'a rien à voir avec le Mahatma Gandhi, qu'elle côtoie par ailleurs.
Quand elle rencontre Che Guevara, elle est en train d'exploser politiquement, elle deviendra Premier Ministre de l'Inde quelques années plus tard et sera un élément important de l'histoire de l'Inde contemporaine. La rencontre se passe en français. Che Guevara connaissait très mal l'anglais, c'est attesté, et en plus, il ne voulait pas parler cette langue. Par contre il connaissait le français assez correctement, sa mère le lui avait appris, elle avait étudié chez les religieuses françaises. Indira Gandhi connaissait très bien le français, elle avait fait une partie de sa scolarité en Suisse. Il est attesté qu'ils ont passé un dîner officiel côte à côte et qu'ils ont parlé français, "donc on peut imaginer que des choses plus personnelles, plus particulières se sont dites ce soir-là". Ils parlent certainement littérature et poésie. On sait qu'ils ont des auteurs de prédilection communs, comme le grand poète bengali Tagor.
"A l'époque, Indira a 40 ans, c'est une belle personne avec beaucoup de personnalité, une stature impressionnante, explique Jean-Pol Hecq. Che Guevara a 31 ans, il est beau, il ne laisse pas les femmes indifférentes. On peut très bien imaginer qu'il a dû y avoir une certaine attirance assez naturelle, d'autant qu'ils sont tous les deux à ce moment précis dans une situation psychologique assez particulière. (...) Mais au-delà, il y une autre attirance, qui est bien réelle, c'est l'attirance politique, l'attirance idéologique, car sur ce plan-là, ils se rejoignaient aussi totalement." Leurs deux familles étaient vraiment très anti-fascistes, marquées à gauche.
"Il y a quelque chose de fascinant à raconter leur rencontre en 1959, alors qu'ils ne sont pas encore arrivés au terme de leur parcours personnel et politique, et de les faire discuter de ce rapport à la violence. Parce que finalement, le fond du roman, c'est bien ça en réalité", conclut Jean-Pol Hecq.