Tapta, née en Pologne en 1926, avait étudié les techniques du tissage à La Cambre. Elle avait renouvelé le genre traditionnel du textile, car l’œuvre avait quitté le plan et investi l’espace en développant des formes sculpturales. Elle travaillait avec des matières singulières, la corde dans les années 70 et le néoprène à la fin des années 80. Le néoprène est un caoutchouc synthétique, à la fois souple et rigide, lourd et opaque. Elle insufflait son énergie à ce matériau.
Esprit ouvert
La force de tension et les lignes de force se condensent notamment dans une des plus belles sculptures de l’espace public bruxellois. Esprit ouvert, installé en 1997 dans le prolongement du boulevard Emile Jacqmain, est une grande sculpture en acier placée sur un plan d’eau. Un triangle rectangle est posé sur son petit côté. La moitié d’une arche est découpée dans l’angle droit. Elle se rabat comme une porte et ouvre une percée dans le paysage urbain. Les côtés sont laqués de noir satiné et les tranches font apparaître le métal brillant. La sculpture et l’espace tout autour se reflètent dans le bassin d’eau au fond sombre.
Tapta meurt en 1997 juste après l’inauguration de sa sculpture monumentale Esprit Ouvert au moment où la Pologne découvre son œuvre à la Galerie nationale d’art Zacheta à Varsovie. Tapta avait dirigé l’atelier textile de La Cambre entre 1976 et 1990, atelier rebaptisé " sculpture souple ". Elle avait animé l’Atelier de structure à la Fondation de la Tapisserie à Tournai à partir des années 80.
Tapta interviewée à propos de l’emploi du néoprène lors d’une exposition personnelle au Botanique à Bruxelles en 1994
Formes pour un espace souple
Le Wiels expose des œuvres emblématiques de Tapta. Formes pour un espace souple, 1974, est la seule installation en cordes qui subsiste. Elle est aujourd’hui dans les collections du M HKA. L’œuvre en mauvais état mérite une reconstitution qui sera réalisée dans l’exposition avec les mêmes matériaux et selon les mêmes techniques, par des designers textiles et des étudiantes de La Cambre. De grandes surfaces noires, reliées par des barres et des charnières métalliques, avec des boulons apparents, sont présentées dans l’exposition ainsi que vingt-huit maquettes de sculpture en néoprène et malgré les dimensions, les modèles réduits acquièrent une monumentalité. L’exposition comporte également des oeuvres de Greet Billet, Hana Miletic et Richard Venlet.
Liesbeth Decan, commissaire de l’exposition, au micro de Pascal Goffaux.