Des centaines d’opposants au président syrien Bachar al-Assad ont manifesté vendredi dans le nord de la Syrie contre une possible entente entre Ankara et Damas au lendemain d’une réunion tripartite à Moscou.
Il s’agissait de la première rencontre officielle au niveau ministériel entre la Turquie et la Syrie depuis le début de la guerre en Syrie en 2011 qui avait vu Ankara prendre le parti des groupes rebelles syriens.
"La révolution est une idée, vous ne pouvez pas tuer une idée", pouvait-on lire en arabe, russe et turc sur des banderoles brandies par des centaines de manifestants rassemblés à al-Bab. Cette ville située dans le nord de la province d’Alep est contrôlée par des factions d’opposition syriennes fidèles à la Turquie.
"On ne peut pas se réconcilier, on ne veut pas se réconcilier" avec le gouvernement syrien, a martelé à l’AFP Sobhi Khabiyeh, 54 ans et déplacé de la banlieue de Damas, qualifiant le président Assad de "criminel". "Ne vous alliez pas avec Assad contre nous", a-t-il ajouté, en s’adressant à la Turquie.
Jeudi, les ministres turc, syrien et russe de la Défense ont discuté "des façons de résoudre la crise syrienne" et "des efforts conjoints pour combattre les groupes extrémistes", selon la Russie. Le président turc Recep Tayyip Erdogan, qui a plusieurs fois qualifié M. Assad d'"assassin" ces dernières années, avait évoqué le mois dernier une "possible" rencontre avec ce dernier.
Des manifestations contre ce rapprochement ont eu lieu dans d’autres régions du nord de la province d’Alep, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), une ONG basée au Royaume-Uni qui dispose d’un vaste réseau de sources dans le pays. La rencontre à Moscou a eu lieu alors qu’Ankara a depuis quelques semaines intensifié ses bombardements contre des positions de combattants kurdes, qu’elle qualifie de "terroristes", dans le nord de la Syrie et menace de déclencher une offensive terrestre pour laquelle elle aimerait obtenir le feu vert de Damas et Moscou.