L’histoire de Sadaf Khadem a bien commencé. C'est la première boxeuse iranienne à être montée sur un ring. Le 13 avril dernier, elle a remporté son combat contre son adversaire française Anne Chauvin. Une victoire aussi symbolique, pour ce premier combat de boxe anglaise, au terme duquel elle s’est exprimée :
On a gagné pour les femmes et on doit être fortes partout pour gagner pour les femmes. Les femmes peuvent franchir les montagnes si elles le veulent .
A 24 ans, Sadaf Khadem est devenue une star dans son pays. Les médias iraniens avaient même fait le déplacement jusqu’à Royan afin de retransmettre le match en direct. Car c’est clandestinement pendant trois ans que la boxeuse s’est entraînée dans la salle de fitness où elle donne cours. En Iran, jusqu’à présent, les femmes y sont privées de s'entraîner avec des hommes et de participer à des compétitions de boxe. "J’espère, enfin je suis sûr, que les Iraniens seront nombreux à accueillir Sadaf à l’aéroport, fort de cette victoire, a soufflé au Parisien Mahyar Monshipour, son coach iranien.
Le tandem sportif iranien a vite déchanté
Le retour était prévu le 17 avril mais il n’a pas eu lieu. Sadaf Khadem affirme être sous le coup d’un mandat d’arrêt avec son entraîneur. Elle qui avait l’espoir de faire bouger la cause des femmes en Iran, devient un nouveau symbole de l’oppression des femmes. Mahyar Monshipour, son coach mais aussi organisateur du match, affirme avoir été prévenu de l'existence de ce mandat d'arrêt par un SMS, dont il refuse de révéler l'expéditeur. Il ajoute que l’idée de ce combat est venue quand le Comité international olympique a sommé les pays à rendre mixtes les sports qui ne l'étaient pas dans leur pays sous peine d’exclusion des équipes masculines des Jeux olympiques. Alors, la Fédération de boxe et le ministère des Sports français ont joué le jeu en donnant les autorisations nécessaires à Sadaf Khadem.
Ce que le pouvoir iranien reprocherait à la boxeuse
Le pouvoir iranien lui reprocherait d’avoir disputé son match en short et débardeur, et d’avoir ainsi enfreint la loi de la République islamique qui impose à ses sportives, même à l'étranger, de porter le hijab, et son entraîneur serait soupçonné de complicité. Ainsi le symbole positif d’émancipation s’efface au profit de considérations politiques. Sadaf Khadem, rejoint ainsi d’autres "précurseuses" dans le sport comme Kathrine Switzer célèbre pour avoir été en 1967 la première femme à courir le marathon de Boston comme participante enregistrée. Et prochainement, une femme va diriger pour la première fois en tant qu’arbitre, un match de Ligue 1, en France. Stéphanie Frappart sera au sifflet pour le match, dimanche, entre Amiens et Strasbourg. Une annonce qui intervient à moins de deux mois de la Coupe du monde féminine en France. Pour en revenir à Sadaf Khadem, le retour triomphal de la jeune femme de 24 ans n’aura finalement pas lieu à Téhéran. Elle compte sur le soutien de l’Etat français pour débloquer la situation.
@safiakessas