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Sven Jaecques (CEO Antwerp) sur le Gril : "L'Antwerp champion ? C'est l'ambition !"

Sur le Gril

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Sven Jaecques (Antwerp) en mode selfie
Sven Jaecques (Antwerp) en mode selfie © Tous droits réservés

Au Bosuil, il y a le Président tempétueux, le Directeur Sportif controversé, le coach au CV épais comme un bottin et les (ex-)Diables Rouges aux noms ronflants. Lui, plus discret, est l’homme qui fait tourner le Great Old en coulisses. Il évoque Jan Vertonghen, le prix des transferts, Paul Gheysens, l’arrogance néerlandaise, Marc Overmars et l’Europaligue. Mais aussi le Mondial au Qatar, Mark van Bommel, le titre de champion, la crise climatique et le Football-Gate. Sans oublier… l’éthique du foot. Sven Jaecques, le Directeur Général de l’Antwerp, passe " Sur Le Gril ".

Un sans-faute. 92 ans que l’Antwerp n’avait pas connu cela. Le Matricule 1 vient de gagner ses 7 matches de championnat et la dernière fois, c’était en… 1930. Et au bout de cette saison-là, l’Antwerp avait raflé les lauriers. Difficile donc de ne pas se projeter…

L’Antwerp champion ? Evidemment qu’on y pense… et évidemment qu’on est prêt pour cela " commence Sven Jaecques (40 ans), le Directeur Général de l’Antwerp, assis dans son bureau du 4e étage du Bosuil. " On est prêt depuis un an, depuis deux ans, depuis trois ans… car c’est notre ambition depuis le début du projet. Paul Gheysens ne s’en est jamais caché, mais il n’y a pas d’urgence :  il faut que toutes les pièces du puzzle s’agencent bien, car outre la qualité des joueurs, il faut de la chance avec les blessures et bien négocier les moments-clés. Mais je peux dire qu’en tant que club, c’est la première saison où on est vraiment prêt structurellement, dans toutes les composantes du club : c’est notre 6e saison en D1A et tout est allé très vite… et même trop vite. Bruges a mis 10 ans pour se reconstruire et devenir le club qu’il est aujourd’hui. On a gagné nos 7 premiers matches, mais on est encore nulle part : la vraie photo se fait après 34 matches, et le classement ne ment pas. Mais en Belgique, aucun match n’est facile : regardez le match à Eupen, où on a tant souffert... "

Sven Jaecques
Sven Jaecques © BELGA

" Le Paul Gheysens des médias n’est pas le vrai Paul Gheysens "

Joueur du Cercle Bruges jusqu’à l’âge de 20 ans (il y a côtoyé en équipes de jeunes… le CEO d’Anderlecht Peter Verbeke !), Sven Jaecques a fait toutes ses classes au Breydel (" On disait ‘Association’, on ne pouvait pas dire ‘club’ vu la rivalité avec le Club… et du coup, je fais encore le lapsus ici à Anvers " sourit-il) où il a dirigé les jeunes avant de prendre la Direction Générale. Puis d’apprendre à connaître Paul Gheysens au Bosuil…

Paul est une énorme personnalité et ce n’est pas tous les jours facile de bosser avec lui… mais tant mieux, sinon ce ne serait pas intéressant (clin d’œil). C’est un gros travailleur, il déborde d’ambition mais il joue aussi un rôle dans les médias : le vrai Paul est un homme respectueux et pas du tout arrogant, comme on le dépeint souvent. Il est très direct et il attend aussi la pareille de ses collaborateurs. Parfois je dois le calmer… mais lui aussi doit me calmer ! (sourire) Après son irruption dans le vestiaire de Brian Priske, la saison passée, il a tout de suite dit qu'il n'aime pas faire des choses pareilles et ne veut plus jamais les faire. Au départ, il ne connaissait rien au football : ses trucs à lui, ce sont les chevaux et l’immobilier, mais il a très vite appris et pris goût à l’ambiance du foot. Et s’il prétendait tout savoir, il n’aurait jamais engagé Marc Overmars, qui en a vu d’autres à Ajax, Barcelone et Arsenal ! Entre nous trois, ça matche très bien (sic) et chacun évolue dans sa sphère de compétence, dans le plus grand respect. La dépendance à Paul Gheysens ? Il y a 3-4 ans, j’aurais dit oui, l’Antwerp disparaît si le Président retire ses billes… Mais aujourd’hui, on a un stade, on a un capital-joueurs, on a une structure et on a des sponsors. Donc l’Antwerp, aujourd’hui, c’est plus que Paul Gheysens. Mais ses moyens et ses investissements nous font aller plus vite que les autres : ça, je le reconnais. "

" Le Paul Gheysens des médias n’est pas le vrai Paul Gheysens "
" Le Paul Gheysens des médias n’est pas le vrai Paul Gheysens " © BELGA

" van Bommel est une vraie bête de foot "

Sur le terrain aussi, pour diriger son effectif XXL, le Great Old bénéficie d’un capitaine de route venu du plus haut niveau : le coach Mark van Bommel a joué au Barça, au Bayern et à l’AC Milan…

" La principale touche van Bommel, c’est sa passion : c’est une vraie bête de foot, chaque seconde il est occupé avec son travail. Il prône aussi la clarté : on joue comme ça, et pas autrement, et il change peu son équipe. L’avantage de débuter très tôt cet été en Europe, c’est qu’on a dû être prêt tout de suite. Maintenant il faut tenir la cadence et continuer à progresser : le jeu est bon, le staff est de qualité, l’effectif est plus équilibré et a gagné en expérience par rapport à l’an passé. van Bommel sait aussi que dans les moments plus difficiles, et il y en aura, on sera là pour le protéger, Marc Overmars et moi-même. On reste un club controversé, c’est même dans notre ADN… mais ça ne nous dérange pas. On sait donc aussi que quand cela ira moins bien, certains n’hésiteront pas à nous démolir… "

" van Bommel est une vraie bête de foot "
" van Bommel est une vraie bête de foot " © BELGA

" On a très mal communiqué dans l’affaire Overmars "

Au printemps dernier, la Métropole a subi un gros avis de tempête : l’engagement du Directeur Sportif Marc Overmars, englué dans des affaires de harcèlement à Ajax, a suscité nombre de critiques.

On a très mal communiqué sur ce coup, je le reconnais, mais on a été dépassé par l’urgence : l’info allait fuiter et on a dû improviser une conférence de presse. On voulait prendre le temps de tout expliquer, mais aujourd’hui encore, on ne pas tout révéler car le dossier suit son cours aux Pays-Bas. Mais on avait pris tous nos renseignements et on a bien cadré les choses en interne. Les questions ouvertes ne me dérangent pas, mais on a dû répondre à des opinions toutes faites… et certains n’attendaient que cela pour attaquer Paul Gheysens et tenter de tuer l’Antwerp (sic). Après, les présences d’Overmars et de van Bommel sont de fameux plus pour nous : on sait bien qu’ils ne resteront qu’un an ou deux ici, mais il fallait saisir l’occasion de bénéficier de leur expérience et de leurs réseaux. Mais je peux vous certifier que si l’engagement d’Overmars avait grandement menacé notre charte de valeurs, on ne l’aurait pas fait : on savait très bien ce qu’on faisait... "

" On a très mal communiqué dans l’affaire Overmars "
" On a très mal communiqué dans l’affaire Overmars " © BELGA

LES PETITS PAPIERS

Le moment venu des petits papiers : parmi une quinzaine de papiers-mystères, il en choisit 5 au hasard. Et commente.

PREMIER PAPIER : MOGI BAYAT. " Je n’ai pas conclu beaucoup de dossiers avec Mogi Bayat, tout au plus 5 ou 6 en 15 années, que ce soit au Cercle ou ici à l’Antwerp. Mais je n’ai à rien redire, tout se passait proprement, tous les papiers étaient en ordre. Je ne veux pas juger les pratiques qu’on lui impute, mais je suis convaincu que le football belge est sur la bonne voie. Dans le passé, les pratiques douteuses étaient connues mais on laissait faire : aujourd’hui, on a basculé dans une autre extrême, tout est surveillé jusqu’au plus petit détail, c’est exagéré. Le Foot-Gate a aussi enfoncé des gens qui ne le méritaient pas alors que certains criminels ne sont pas inquiétés et courent toujours. Aujourd’hui, la Belgique est un pays-modèle en Europe, mais il faut que les autres pays suivent car cela nous pénalise par rapport à la concurrence. Mais j’ai bon espoir qu’on va vers un univers totalement régulé. "

DEUXIEME PAPIER : MARC OVERMARS. " Au-delà de ce qu’on a déjà dit sur " l’affaire ", Marc est avant tout un gars d’équipe. Le team passe avant toute chose, et cela dépassé le sportif : il parle au kiné, au responsable du matériel, au personnel administratif. C’est un vrai Hollandais : il est direct, il va droit au but… et il aime bien l’argent, mais je le lui ai dit et il le reconnaît (rire). Pour le reste, il n’a rien d’arrogant. "

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TROISIEME PAPIER : SVEN JAECQUES.Mon rôle ici est de faire le lien entre toutes les composantes du club : j’aime la gestion de groupe et la prise de décision. Je suis un gros travailleur, même parfois trop… car j’ai eu deux gros pépins de santé récemment. J’essaie de rester humain même si je peux être très dur en négociation, je le reconnais. Le football est un monde chargé d’émotions et de pression, et ceux qui ne résistent pas à cela ne durent pas... Surtout avec les réseaux sociaux qui font qu’on vous encense aujourd’hui… et que le lendemain, on vous tue (sic). Mais mon boulot de rêve, c’est celui que j’exerce aujourd’hui : je n’ai pas réussi comme joueur et j’ai tout construit à partir de rien. De quel club je rêve ? Je suis un type de challenge et d’impact sur les choses. Je préfère être n°1 à Zulte Waregem que n°20 à Manchester United ! " (clin d’œil)

QUATRIEME PAPIER : CERCLE BRUGES. C’est mon club formateur, j’y ai passé 20 ans, depuis les jeunes jusqu’à la Direction. J’habite toujours à 100 mètres du Stade Breydel, cela reste une partie de moi mais je me suis attaché aujourd’hui à l’Antwerp. Mais pas trop non plus car être supporter à 200 % vous empêche aussi de garder la tête froide. (clin d’œil) Mais mes enfants sont sans doute les seuls Brugeois qui connaissent les paroles de l’hymne du Bosuil ! "

CINQUIEME PAPIER : MONDIAL AU QATAR. Je n’ai pas peur de le dire : ce Mondial est une absurdité mais je trouve que l’Union Belge a bien communiqué sur le sujet. On n’aurait jamais dû attribuer le tournoi au Qatar… mais se retirer aujourd’hui ou boycotter n’a pas de sens, car le débat public a permis d’améliorer les droits humains sur place. Maintenant, il faut profiter de l’épreuve pour poursuivre le changement. On a tous un rôle à jouer, à commencer par les mondes politique et économique évidemment. "

Toby Alderweireld et Jan Vertonghen, enfin réunis en attraction sur les pelouses belges.
Toby Alderweireld et Jan Vertonghen, enfin réunis en attraction sur les pelouses belges. © BELGA

" Bruges a cinq ans d’avance sur tout le monde "

Mardi soir s’est refermé le mercato belge. Marqué par quelques transactions sonnantes et trébuchantes… et le retour de Jan Vertonghen en Belgique. Lequel n’avait jamais joué au sein du championnat belge !

Le transfert de Vertonghen est une très bonne chose pour le football belge et pour Anderlecht : il va apporter toute son expérience et sa gestion d’un vestiaire. C’est un exemple de professionnalisme, comme Toby Alderweireld l’est chez nous : Toby est arrivé très motivé et est un modèle pour ses partenaires. C’est très simple : si Toby n’était plus motivé, il aurait arrêté tout de suite ! Vertonghen chez nous ? On ne nous l’a pas proposé… mais de toute façon, on était déjà paré à sa position, et notamment avec Toby ! Quant gros transferts de l’été, ils sont surtout le fait du Club Bruges, dont les finances bénéficient des rentrées Champions League et de sa capacité à bien vendre. Le Club a vendu pour 45 millions d’euros cet été et a aujourd’hui 5 ans d’avance sur tous les autres clubs belges ! C’est notre prochain objectif : mieux revendre nos joueurs. On a vendu Martin Hongla pour 5 millions mais on veut encore faire mieux à l’avenir. "

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