"Le fait qu’il n’y a pas de lien entre les zones où il y a beaucoup de criminalité et le soutien aux Démocrates Suédois est probablement dû au fait que ce soutien est lié à d’autres facteurs que la seule localisation géographique" explique Anders Sundel de l’université de Göteborg.
Le niveau d’instruction est l’un d’entre eux estime le politologue : "les électeurs les plus éduqués sont plus nombreux dans les grandes villes, justement là où la plupart des crimes violents se produisent. Pourtant, les soutiens les plus importants des Démocrates Suédois se trouvent dans les zones les plus rurales du sud de la Suède, qui ne sont pas des régions où il y a le plus de crimes, d’homicides, ou de violence. Ce n’est donc pas aussi simple qu’on pourrait le croire".
Avec un fief d’origine au sud du pays, le parti des Démocrates Suédois est ainsi traditionnellement privilégié dans les circonscriptions rurales du sud. "Ces dernières élections ont montré que leurs soutiens se retrouvent désormais dans l’ensemble du pays, et notamment dans les zones rurales du nord même s’ils n’obtiennent pas encore la majorité des voix là-bas", note aussi James Savage.
Les choix électoraux vont bien au-delà d’une simple relation de cause à effet.
Vania Ceccato, professeur d’urbanisme à la KTH (Stockholm)
Dans ces régions rurales du nord et du sud de la Suède, qui ne sont donc pas les zones où il y a le plus de crimes ou d’homicides par armes à feu, les votes en faveur du bloc de droite s’expliquent plutôt par "l’existence d’un mécontentement qui va au-delà de l’immigration et qui explique l’avancée de l’extrême droite", estime Vania Ceccato. Ainsi, "pendant des décennies", ajoute la chercheure, "les sociaux-démocrates et le parti du centre n’ont pas réussi à exprimer les besoins de ceux qui vivent dans les régions les plus reculées du pays. La déréglementation des services de base (tels que la santé et les écoles) n’a pas nécessairement conduit à de meilleurs services (par exemple, de longues files d’attente pour les médecins)".
Le discours d’extrême droite qui "a tendance à être plus brutal" selon les terme de l’urbaniste, trouve un écho dans les foyers plus ruraux qui ne restent pas déconnectés du reste du pays. "Tous les électeurs regardent la télévision ou lisent les informations : ils voient ce qui se passe dans ces zones où les fusillades semblent être devenues endémiques" ajoute Anders Sundel.
Le sentiment d’insécurité dans des zones plus éloignées des quartiers dits "sensibles" peut ainsi expliquer les votes en faveur de l’extrême droite. "Vous verrez donc davantage de votes pour les Démocrates Suédois dans les banlieues à prédominance suédoise, même si elles ne connaissent pas la plus grande violence dans leurs quartiers" ajoute le politologue.
In fine, "les choix électoraux vont bien au-delà d’une simple relation de cause à effet" conclut Vania Ceccato qui ajoute "l’extrême droite a compris que mettre les questions de violence et d’immigration à l’ordre du jour serait bénéfique pour sa campagne".