Stéphanie Huang : la musique, une histoire de famille et de passion

New Year’s Concert – Haydn’s Concerti 13/02/22

© M.F. Photography / Queen Elisabeth Music Chapel

Par Philomène Parmentier via

C’est dans une atmosphère poétique que nous rencontrons notre première artiste de cette Belgian Music Week. À l’orée d’un bois, dans une chapelle musicale à l’architecture exceptionnelle mêlant art déco et modernisme, nous rencontrons Stéphanie Huang.

Jeune violoncelliste de 25 ans, Stéphanie Huang est en résidence à la Chapelle musicale Reine Élisabeth. Nichée au cœur de la Forêt de Soignes, c’est dans la classe de Gary Hoffman que Stéphanie Huang étudie depuis septembre 2020.

Le parcours musical de Stéphanie Huang débute il y a 22 ans du côté de Montigny-le-Tilleul. Ayant un père violoniste et une mère violoncelliste, les sœurs Huang commencent tout naturellement la musique vers 3-4 ans. Si son aînée, Sylvia, a commencé le violon à 3 ans. Stéphanie a d’abord essayé le violon puis s’est dirigée vers le violoncelle à 4 ans et n’a plus jamais raccroché l’archet.

C’est donc à 4 ans que Stéphanie Huang commence les cours de violoncelle avec sa mère. Très vite, la pratique de l’instrument devient quotidienne pour la petite fille et les cours deviennent des moments de partage mère fille. Une routine s’installe, après l’école les devoirs et le violoncelle. Une enfance bercée par la musique qui permet à Stéphanie de progresser très vite et de faire ses débuts au Théâtre Royal de la Monnaie à Bruxelles dans les Variations sur un Thème Rococo de Tchaïkovsky à 12 ans seulement.

Stéphanie Huang enfant jouant du violoncelle
Stéphanie Huang enfant jouant du violoncelle © Tous droits réservés

La pratique du violoncelle n’ayant jamais été une charge pour Stéphanie, c’est tout naturellement qu’à seize ans elle entre au Koninklijk Conservatorium de Bruxelles où elle obtient son diplôme de Bachelor Degree avec Grande Distinction. Ensuite, direction Paris pour la jeune violoncelliste qui intègre les classes de Marc Coppey ainsi que d’Emmanuelle Bertrand au Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris. Elle y décroche son master de musique de chambre ainsi que son master et diplôme d’artiste.

Stéphanie nous confie n’avoir jamais réfléchi à son futur métier, il est arrivé naturellement. Elle n’a jamais envisagé de mettre sa passion pour le violoncelle de côté. Une transition naturelle entre l’enfant qui joue du violoncelle par passion et la femme qui vit de sa pratique du violoncelle. Même s’il y a eu des moments plus compliqués quand elle était adolescente, Stéphanie a toujours adoré jouer. Et si parfois, elle se demande ce qu’elle aurait fait dans une autre vie, elle n’y réfléchit jamais sérieusement.

Le partage au cœur de la passion

Depuis toujours, Stéphanie Huang sait qu’elle veut, à un moment de sa vie, étudier à la Chapelle musicale Reine Élisabeth. La violoncelliste décide donc, après son master à Paris, de préparer le concours d’entrée à la Chapelle. Si la Chapelle offre à ses résidents un cadre de travail, reposant et serein, c’est également un lieu de rencontre entre musiciens.

La rencontre avec d’autres musiciens n’a pas toujours été une évidence pour Stéphanie Huang. Ce n’est qu’à son entrée au Conservatoire qu’elle a commencé à jouer avec d’autres musiciens dans des trios ou des quatuors. Et puis, au fur et à mesure, les rencontres s’enchaînant, l’envie de partager la musique sous d’autres formes s’est amplifiée. À Paris, ce sont les formations en musique de chambre et orchestre qui séduisent notre violoncelliste. Désormais résidente à la Chapelle, elle se plaît à jouer avec d’autres artistes, mais également pour des artistes, comme Gary Hoffman.

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"Je pense que de nos jours, il y a tellement de choses qui sont imprévisibles qu’on ne peut pas vraiment savoir ce qu’on va devenir. En tout cas, pour le moment, je suis très épanouie avec tout ce que je fais, que ce soit du solo, de la musique de chambre ou des plus grands ensembles. Je pense qu’il y a plusieurs choses qui me plaisent. Mais après ce qu’on a vécu avec la pandémie, ne plus pouvoir faire des concerts en public par exemple, je me rends compte que quand on a énormément de concerts, on enchaîne et on devient moins sensible à certaines choses. Et là, quand il y a eu cette coupure, c’est là où je pense que moi-même et plein d’autres musiciens nous sommes rendus compte de cette nécessité de jouer pour un public. Et c’est ça que j’aime, mais aussi le contact avec le public. Et voir que je leur fais passer un super moment, c’est très gratifiant et ça me fait tellement plaisir." Explique Stéphanie Huang.

Être artiste, un travail au quotidien

Si la vie d’artiste fait rêver de nombreuses personnes, leur réalité ne semble pas si différente de la nôtre. Notre virtuose du violoncelle aime cuisiner, aller au cinéma, lire, se balader dans Paris, voir des amis, comme beaucoup, elle aime les choses simples. Le reste du temps, elle travaille, ses horaires varient en fonction de la fatigue, de la concentration et de ses objectifs. Le secret, c’est la discipline, minimum 6 heures par jour de répétition et parfois jusqu’à ce que ses doigts l’arrêtent de douleur. Stéphanie essaye de jouer le plus de pièces possible et de ne pas réduire son répertoire à ce qui lui plaît. Une partie du travail d’interprète est d’apprendre à aimer quelque chose qui au premier abord semble étranger. Mais au-delà de la pratique artistique, il y a aussi toute une préparation mentale et physique pour pouvoir proposer une prestation de qualité. Répéter 10 heures par jour, c’est important, mais si mentalement l’artiste ne va pas bien, cela s’entend et influence son jeu.

Depuis ses débuts à Montigny-le-Tilleul dans le cocon familial, Stéphanie Huang n’a cessé d’apprendre, de découvrir et de pratiquer le violoncelle. La petite fille de quatre ans qui essaye le violoncelle avec sa maman est aujourd’hui devenue une violoncelliste reconnue. Une success-story familiale, puisque sa sœur, Sylvia Huang est également devenue une grande violoniste.

Violoncelliste prometteuse, on se languit de connaître la suite du parcours de Stéphanie Huang.

Une rencontre réalisée en janvier 2022, lors de la Belgian Music Week.

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