Autour d'un char en préparation, le calme des peintres tranche avec un bruit assourdissant. La responsable, c'est la machine à confettis, une perforatrice géante qui avale du papier coloré à un rythme effréné. Cette machine a été créée, il y a plus de quarante ans, par un ingénieux Blanc Moussi. Philippe Martin, membre du Chapitre de la Confrérie des Blancs Moussis nous explique que "c'est une machine qu'on a récupérée dans la région. Elle était destinée à percer des éviers à la base. On a changé l'outil par un ingénieur qui faisait partie de la confrérie. Cette machine produit quarante kilos par heure. Acheter les confettis, c'est un trou financier incroyable, ça représenterait à peu près neuf mille euros, ce n'est pas pensable. D'où l'idée de créer cette machine".
Et chaque année, la vieille Fifine tient sa promesse, les confettis désormais coulent à flot à Stavelot. Une montagne de flocons colorés arrivés par une soufflerie puis directement mis en sachet et pesés.
Et du stock, il en faut. Car à chaque Laetare, les Blancs Moussis déversent sur le public près de sept tonnes de confettis. Et à cela, il faut y ajouter les commandes faites par les carnavals voisins. "Tous les carnavals de la région viennent nous acheter trois cents, six cents kilos, deux tonnes des fois. Ca nous permet, nous, d'amortir le prix du papier. C'est des sommes assez conséquentes et on parvient à les atténuer par quelques petites ventes comme ça", explique Philippe Martin.
Mais avant de devenir fournisseur régional, Stavelot a commencé plus modestement. C'est en 1950 qu'apparaît, sur un char, le premier souffleur de confettis. Christian Nezer, Grand Maître de la Confrérie des Blancs Moussis nous raconte "Les Blancs Moussis n'étaient pas fort riches à l'époque et avaient commandé cinq cents kilos de confettis à un fournisseur qui était situé près de Theux. Il avait demandé confirmation parce que lui-même était surpris de la quantité demandée par les Blancs Moussis. Et ces cinq cents kilos ont été mélangés à de la paille hachée pour faire meilleure impression sur le public".
Aujourd'hui, plus besoin d'artifices. Ces grosses têtes, le public les connaît bien et sait que de leur bouche s'échapperont, le jour venu, d'innombrables confettis ...
Perrine Willamme