" Un scandale ! Une injustice ! Ce doit être très dur à gérer psychologiquement... " Manuel Dupuis, psychologue du sport au CAPsy (Pôle psychologique du Centre d’Aide à la Performance Sportive) et à Psychosport, ne mâche pas ses mots quand on lui demande d’analyser l’épisode vécu par Eline Berings dimanche passé à Torun (Pologne), à l’Euro en salle d’athlétisme. La championne d’Europe 2009 du 60 m haies a été empêchée de participer à la demi-finale de son épreuve suite à un test Covid positif… qui, le lendemain matin, a été invalidé par un autre test rapide… mais non-officiel ! Une situation de " fausse positive " donc : " Je n'ai pas besoin d'expliquer à quel point je suis dévastée ", avait tweeté la Gantoise de 34 ans. Plus généralement, c’est l’impact désastreux de la crise de la Covid sur les sportifs qui est en question.
Depuis le début de la pandémie, il y a un an, tous les repères sont secoués. Habitués à gérer les situations de stress, les sportifs voient leurs calendriers d’entraînement et de compétition bouleversés. Les bulles d’entraînement sont remodelées, l’incertitude autour des tests Covid et des vaccins crée une situation de chaos et d’anxiété généralisée. Faut-il s’isoler du reste du monde pour ne plus risquer un test positif au plus mauvais moment ?
" Je le constate dans mon cabinet, où je reçois quantité de sportifs d’élite, jeunes ou adultes : les situations de déprime, voire de burnout se multiplient " explique Manuel Dupuis, qui suit notamment les jeunes footballeurs du Sporting Charleroi et de l’Union Saint-Gilloise, les hockeyeurs d’Uccle Sports, mais aussi des pongistes et des sportifs préparant les JO. " Le cas de Berings est particulièrement cruel car cette athlète arrive en fin de carrière et préparait cet Euro depuis longtemps. La clé est de pouvoir tourner la page et se projeter sur l’avenir, mais pour des sportifs en bout de carrière, les perspectives se raréfient. Dans le cas d’une telle injustice, il est souvent nécessaire que la personne soit reconnue comme victime et soit dédommagée... Mais comment ? D'emblée, je ne sais pas dans ce cas-ci... "