Nous ouvrons le quatorzième chapitre de Sous Couverture en compagnie de nos invitées Alice Ferney et Lisette Lombé. Au menu du jour : des silences, trois adolescents et une curieuse cabine téléphonique… Entre autres !
Alice Ferney pour “Deux innocents", Ed. Actes Sud, 2023
Alice Ferney signe là un grand roman sur le déni de tendresse. Un roman sur une affaire judiciaire qui met en cause une enseignante qui officie dans un établissement pour ados en difficulté, prodiguant une pédagogie à base de dynamisme et d’affection. Sa relation avec ses élèves, les familles et une institution rigide est remise en cause, la coinçant dans un piège infernal.
L’enseignante est une femme de 50 ans, mariée, un enfant, chrétienne. Elle réussit bien dans son métier, redonne confiance aux enfants et est appréciée des parents. Lorsqu’un nouvel élève timide arrive dans sa classe, elle va réussir à l’ouvrir aux autres, à le transformer. Mais un enchaînement de conséquences, à partir d’un soupçon, va faire basculer ce bel équilibre et faire deux victimes, que l’auteure va ausculter tout au long de son roman.
Lisette Lombé pour "Enfants poètes", Ed. Robert Laffont, 2023
Lisette Lombé qui sera notre prochaine poétesse nationale dès janvier 2024, nous propose un livre sur l’entraide et l’apprentissage de la confiance en soi grâce à la poésie.
Réciter son premier poème devant la classe…
Un livre sur l’entraide et l’apprentissage de la confiance en soi grâce à la poésie.
Aujourd’hui, chaque élève reçoit un poème.
Alors que toute la classe devra bientôt le réciter au tableau, une peur se fait sentir…
Celle du trou de mémoire, de la mauvaise note, ou des moqueries.
Et si la poésie était aussi une histoire ou une chanson ?
Si le nœud au fond de la gorge avait le pouvoir de se transformer en cadeau à partager avec des amis ?
Il suffit parfois de quelques camarades pour dépasser ses peurs et les rendre minuscules, jusqu’à laisser la poésie s’inviter au fond de nous, comme un soleil qui illumine et qui réchauffe…
La “Book-Box” de Lucile Poulain : "Les silences" de Luca Bruoni – Ed. Finitude, 2023
Le morceau que vous entendez ici s’appelle Silence, il fait l’ouverture du troisième album de Portishead, et les paroles portées par Beth Gibbons ont fait l’objet de nombreuses théories en plus de l’émulation auprès des fans lors de sa sortie en 2008, qui marquait le grand retour du groupe.
Le single semble faire référence à une histoire d’amour torturée, à un destin brisé, on a aussi pensé à une fausse couche sur fond de sorcellerie, puisqu’à la base, il était intitulé "Wicca"…
Il nous raconte l’histoire d’une jeune fille de treize ans, une petite citadine placée comme des centaines de milliers d’autres orphelins (ou pas d’ailleurs) en Suisse et en Italie dans les années 60.
La jeune Ida découvre avec brutalité la rudesse de la vie paysanne et devinez quoi, les thèmes abordés sont l’amour torturé, les destins brisés du village qu’elle intègre, la maternité contrariée et même, la sorcellerie.
J’ai été soufflée par la justesse des mots, par le côté aussi bien naturaliste que lyrique du contrat que l’auteur passe avec nous dans l’écriture, c’est vraiment brillant !
Ça m’a d’ailleurs fait penser à un autre roman paru au début des années 60, le seul et unique roman de l’américaine Jetta Carleton qui a été un best-seller : "Les fleurs de lune".
On est en immersion totale dans la campagne du Missouri, on vit et on grandit auprès des quatre filles des fermiers Soames qui vont connaître des existences aussi variées que tragiques.
On suit Jessica qui fuit cette vie faite de purin et de traditions à l’aube de ses dix-huit ans, événement dont les trois autres ne se remettront jamais vraiment, Léonie qui tombe amoureuse du mauvais garçon, Mary-Jo qui veut faire carrière dans la grosse pomme à New-York et pour finir la petite dernière, Mathy, enfant sauvage et enracinée.
La chronique de Michel Dufranne : Andrée Michaud avec "Proies", Ed. Rivages, 2023
Non loin du village de Rivière-Brûlée, trois adolescents, Judith, Abigail et Alexandre, partent camper dans la forêt. C’est l’été, ils se réjouissent de passer ces trois jours au grand air loin de leur famille. Le premier jour est idyllique. Le soir, à la veillée, ils se racontent des histoires de fantômes et jouent à se faire peur.
Mais le lendemain, au retour d’une baignade dans la
rivière, ils ont la nette impression que leurs affaires ont été déplacées. Ils sentent comme une présence autour d’eux sans pouvoir vraiment en identifier l’origine. Peu à peu, leurs peurs se concrétisent de la manière la plus effrayante. Et la nature exubérante se fait hostile quand leur vie est en jeu…
La chronique d’Odile Vanhellemont : “Ce que nous confions au vent” de Laura Imai Messina, éd. 10-18, 2023
Dans une campagne éloignée se dresse une bien curieuse cabine téléphonique. L’appareil n’est pas relié à l’électricité et pourtant, des centaines de personnes s’y rendent pour en décrocher le combiné. Ce téléphone, c’est le téléphone du vent. Tournez son cadran et vous pourrez parler à qui vous le souhaitez, mort ou vivant. Aucune magie derrière, aucune voix de l’autre côté.
Le vent emporte vos messages et vous repartirez allégés. C’est devant cette belle promesse que Yui entreprend les sept longues heures de voyage depuis Tokyo. Elle a perdu sa mère et sa fille dans un tsunami et depuis, elle a perdu le goût de la vie. Sur place, elle fait la connaissance de Takeshi, père veuf en quête de repères. Entre eux, une amitié indéfectible va se nouer.
Et si, en contact avec la mort, la vie reprenait enfin ses droits ?
La chronique de Gorian Delpâture : "Mon grand" de Edna Ferber, éd. Cambourakis, 2023
Promise à un avenir confortable à Chicago, la jeune Sélina Peake voit son destin bouleversé lorsque son père est tué accidentellement. Contrainte de renoncer aux études pour gagner sa vie, elle décide de mettre à profit ses connaissances pour s’établir en tant qu’institutrice. Ce qu’elle fait dans la campagne de High Prairie, parmi les immigrés hollandais avec qui elle n’a a priori que très peu de points communs. Pourtant, grâce à son enthousiasme, sa curiosité et sa détermination, elle se forge très vite une place dans ce monde rural, bravant nombre de conventions de l’époque. Ainsi n’hésite-t-elle pas, une fois mariée et rapidement veuve, à mettre les mains à la terre pour permettre à son fils de s’engager dans une voie créative à laquelle elle a dû renoncer. Mais la réussite prend-elle toujours les formes que l’on attend ?
La chronique surprise : Patrice Leconte, avec "Le silence et la colère" Pierre Lemaître – Ed. Calmann-Levy, 2023
Après l’immense succès du Grand Monde
Un ogre de béton, une vilaine chute dans l’escalier, le Salon des arts ménagers, une grossesse problématique, la miraculée du Charleville-Paris, la propreté des Françaises, " Savons du Levant, Savons des Gagnants ", les lapins du laboratoire Delaveau, vingt mille francs de la main à la main, une affaire judiciaire relancée, la mort d’un village, le mystérieux professeur Keller, un boxeur amoureux, les nécessités du progrès, le chat Joseph, l’inexorable montée des eaux, une vendeuse aux yeux gris, la confession de l’ingénieur Destouches, un accident de voiture. Et trois histoires d’amour.
La chronique de fin de Thierry Bellefroid, "L’allègement des vernis" Paul Saint Bris – Ed. Philippe Rey, 2023
Aurélien est directeur du département des Peintures du Louvre. Cet intellectuel nostalgique voit dans le musée un refuge où se protéger du bruit du monde. Mais la nouvelle présidente, Daphné – une femme énergique d’un pragmatisme désinhibé –, et d’implacables arguments marketing lui imposent une mission aussi périlleuse que redoutée : la restauration de La Joconde.
À contrecœur, Aurélien part à la recherche d’un restaurateur assez audacieux pour supporter la pression et s’attaquer à l’ultime chef-d’œuvre.
Sa quête le mène en Toscane, où il trouve Gaetano, personnalité intense et libre. Face à Monna Lisa, l’Italien va confronter son propre génie à celui de Vinci, tandis que l’humanité retient son souffle…
Et "Le voyageur" Théa Rojzman et Joël Alessandra – Ed. Daniel Maghen, 2023
À force de passer ses journées avec la Joconde, Patrick, gardien de musée au Louvre, ne la supporte plus. D’ailleurs il ne supporte plus grand-chose. Jusqu’au jour où une voix l’invite à plonger à l’intérieur du tableau… Arpentant les paysages de Toscane avec sa mystérieuse guide florentine, Patrick soulève le voile et prend conscience que sa vie peut changer, s’il décide de la vivre autrement. Coincé à l’intérieur
du tableau, Patrick fait d’étranges rencontres : Ginerva, qui se présente comme la sœur de Mona Lisa et semble le comprendre, un jeune enfant qui lui ressemble, et un certain Léonard, peintre et inventeur génial, qui lui révèle la formule pour briser sa solitude : " Nul ne peut trouver l’amour sans avoir au préalable pris soin de s’aimer soi-même. "