Belgique

Soupçons d’extrémisme dans l’armée : "Un screening a lieu au moment du recrutement en fonction des moyens"

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Par Marie-Laure Mathot sur base d'une interview de Sophie Brems

L’armée belge abrite-t-elle des soldats animés par des idées d’extrême droite ? La police judiciaire fédérale de Charleroi a mené hier plusieurs perquisitions dans trois casernes de la Défense et dans huit domiciles privés.

"Ces gens sont soupçonnés d’avoir diffusé des messages qui pourraient inciter des tiers ou deux autres personnes à commettre des délits liés au terrorisme, explique Éric Van der Sypt, porte-parole du parquet fédéral. Ça peut être le racisme, commettre des actes violents, etc."

Qui sont ces militaires ? La défense fait elle le ménage depuis l’affaire Conings ? Dimitri Modaert, président du SLFP Défense était l’invité de l’actu ce matin. S’il n’a pas plus de détails sur le profil des militaires, il se sent rassuré qu’une instruction ait lieu et que le secret d’instruction soit respecté. "De cette façon, ça peut, je pense, se dérouler d’une tout autre façon par rapport à l’ambiance relativement chaude que l’on a connue au mois de mai et de juin suite à l’affaire Conings."

Une ambiance qui s’est améliorée au sein de l’armée depuis cet épisode. "L’ambiance est bonne. Mais les principales inquiétudes, en fait, ont éclaté à nouveau pendant le mois d’octobre, lors de déclarations de M. Lipszye, président du comité R, avec tout le respect pour sa fonction, je crois qu’il est temps d’avoir des éclaircissements la semaine prochaine, par rapport à ses déclarations."

Le président du Comité R a évoqué qu’il y avait une forme de complaisance avec l’extrême droite. "Ce sont des termes qui sont graves dans deux sens du terme, c’est-à-dire qu’il faut très vite éclairer. Je crois qu’il y a une demande pour qu’il y ait un rapport à ce niveau la semaine prochaine. D’un autre côté, je pourrais difficilement imaginer qu’à ce niveau, on puisse commencer à parler facilement d’une théorie du complot s’il n’y a pas des éléments. Mais croisons les doigts pour que les faits d’hier soient toujours liés à des actes, des opinions ponctuelles, sporadiques au sein de l’organisation, et pas commencer à parler réellement d’un système au sein de la Défense, en particulier de l’État en général."


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Pour le président SLFP Défense, pas de lame de fond au sein de l’armée, seulement des demandes d’assistance de membres du personnel suite à des procédures de retrait parfois temporaires. S’il n’y en a pas beaucoup, "chaque personne est une personne de trop, réagit l’invité. Soit si c’est avéré, il faut argumenter puisque ça a quand même des conséquences non seulement pour l’intéressé, mais également pour l’organisation."

Actuellement, une trentaine de militaires seraient surveillés sur 27.000 hommes de la Défense. "Elles ne nous ont pas étonnés dans le sens où on savait que, dans la foulée de l’affaire Conings, les enquêtes allaient être poursuivies. Ici, visiblement, c’est à la demande de la SGRS, donc il faut, entre guillemets, le saluer si c’est nécessaire, à partir du moment où la procédure ici se fait dans le bon ordre. Et donc, il y a eu un embrayage du parquet fédéral par rapport, certainement, à des éléments concrets."

Une impression de faire le ménage ? "Je ne sais pas si on doit voir ça d’une façon ponctuelle, mais on doit le voir dans l’ensemble puisque certaines attitudes sont tout à fait intolérables par rapport au personnel militaire et également civil de la Défense, par rapport aux valeurs qui doivent être portées par ce personnel, répond-il. N’oublions pas que dans certaines situations, les situations de combat, d’appui au combat, même depuis un bureau, par exemple à Evere, on doit absolument garder des valeurs telles que l’intégrité au sein de notre organisation."

Il est clair que souvent, on a cette image par rapport à certains extrêmes : le bruit des bottes, des armes, etc.

Des valeurs d’autant plus importantes que la profession attirerait peut-être certains profils liés à l’extrême droite selon certains arguments. "Oui, on vient dire "la Défense est le miroir de la société". On ne peut pas accepter ces termes-là. On doit être prêt à ce qu’au niveau du recrutement et même plus tard dans la carrière du personnel, on soit amené à voir malheureusement certaines opinions et avec peut-être des faits là derrière. Maintenant, de là à dire que ça attire… Il est clair que souvent, on a cette image par rapport à certains extrêmes : le bruit des bottes, des armes, etc. Mais néanmoins, néanmoins, on doit lutter puisque, comme je dis à l’instant, on ne peut pas accepter d’aller à l’encontre de certaines valeurs."

La Défense veut justement, en 2022, recruter plus de 2500 militaires et aussi plus de 500 civils. Lors de ces recrutements, "un screening a lieu, mais bon, ce screening est toujours, entre guillemets, approfondi par rapport aux moyens que l’on donne aux services qui doivent les effectuer."

Un screening a aussi lieu au moment d’accéder à certaines fonctions. Ainsi, le suivi est "lié en particulier à des habilitations de sécurité pour certaines tâches, certaines fonctions, mais pas forcément systématiquement".

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