Belgique

Soupçons d’extrémisme : 11 perquisitions dans des casernes de la Défense et au domicile de militaires

Perquisitions chez les militaires soupconnés extrême droite

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La police judiciaire fédérale de Charleroi a mené ce mercredi plusieurs perquisitions visant quatre ou cinq militaires soupçonnés de liens avec l’extrême droite, selon les éléments recueillis à plusieurs sources par la RTBF. Les enquêteurs cherchent à savoir si les suspects ont enfreint les lois réprimant le racisme, les appels à la violence ou encore le terrorisme par leurs comportements ou leurs écrits, par exemple sur les réseaux sociaux ou dans des groupes de conversation.

Les perquisitions ont eu lieu dans trois casernes de la Défense et dans huit domiciles privés liés aux militaires visés et à certains de leurs proches. L’objectif de cette opération de police n’était pas de procéder directement à des interpellations mais plutôt de saisir du matériel pour analyse, comme des téléphones portables. Selon nos informations, les casernes de Florennes, Saint-Trond (école des sous-officiers) et Oud-Heverlee ont reçu la visite des policiers fédéraux. Les casiers, les armoires, les bureaux et les éventuelles chambres des suspects ont été fouillés.

Les casernes de Florennes, Saint-Trond et Oud-Heverlee perquisitionnées

Sollicité par la RTBF, le parquet fédéral confirme que 11 perquisitions ont été menées. Dans un communiqué publié en fin de matinée, il précise que "les individus potentiellement impliqués sont soupçonnés d’avoir diffusé ou mis à la disposition du public des messages dans l’intention d’inciter à commettre une infraction liée au terrorisme". Le parquet confirme que "personne n’a été emmené pour audition" et ajoute "que cette action s’est déroulée en étroite et bonne collaboration avec la Défense".

Un dossier du parquet fédéral initié à la demande expresse du SGRS

Dans une note interne à la Défense que la RTBF a pu consulter, l’Amiral Michel Hofman, chef de la Défense, indique que les perquisitions cadrent dans un dossier "initié à la demande expresse du SGRS", le service de renseignement militaire (Service Général du Renseignement et de Sécurité). À l’attention du personnel, le chef de la Défense rappelle que "il n’y aura jamais de place pour des comportements extrémistes au sein de la Défense. Ceux-ci sont à l’opposé des valeurs que nous, militaires et civils de la Défense, prônons et défendons, ainsi qu’au serment que nous avons prêté ".

Au mois de mai dernier, l’affaire Jurgen Conings a mis en lumière la proximité de certains militaires avec l’idéologie d’extrême droite. Inscrit dans la banque de données de l’OCAM (Organe de Coordination pour l’analyse de la menace) comme "extrémiste de droite, potentiellement violent", Jurgen Conings s’était enfui avec des armes dérobées à la caserne de Bourg-Léopold. Il était suspecté de vouloir perpétrer une attaque terroriste. Finalement retrouvé mort par suicide, son cas a été considéré comme le révélateur de manquements graves dans le suivi de la Défense et de son service de renseignement (SGRS) en matière d’extrémisme.

Serge Lipszyc, le président du comité R qui contrôle les services de renseignement, a récemment évoqué une forme de complaisance à l’égard de l’extrême droite : "Si Jurgen Conings s’était appelé Mustafa, je pense que les choses se seraient passées autrement" a-t-il affirmé dans un entretien au Magazine "Wilfried".

En 2006, la police avait déjà visité plusieurs casernes

Dans la foulée de l’affaire Conings, plusieurs militaires présumés extrémistes ont été écartés préventivement de l’armée. Fin octobre, la ministre de la Défense Ludivine Dedonder expliquait dans les journaux du groupe Sudpresse que ces personnes avaient, " quasi toutes, retrouvé leurs habilitations de sécurité " après vérifications des services de renseignement. La ministre ajoutait cependant que des enquêtes étaient toujours en cours, concernant d’autres militaires, au niveau du SGRS et des services judiciaires.

Ce n’est pas la première fois que la Défense est confrontée à l’idéologie extrémiste de droite. En septembre 2006, des perquisitions avaient déjà visé plusieurs casernes. A l’époque, la justice ciblait des personnes "ouvertement racistes, antisémites et négationnistes" réunies dans le groupuscule BBET (Bloed-Bodem-Eer-Trouw), soit "Sang-Terre-Honneur-Fidélité ". Tomas Boutens, le leader, avait été condamné à cinq ans de prison pour la diffusion d’une idéologie violente et pour la préparation d’attaques visant à déstabiliser le pays. Ne faisant plus partie de l’armée, Tomas Boutens avait exprimé son soutien à Jurgen Conings en mars dernier lors de sa cavale.

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