Les policiers de la brigade UNEUS sont-ils à l'origine d'abus et d'actes de violence sur des jeunes du quartier du square Jacques Franck à Saint-Gilles? Depuis plusieurs mois, un collectif de mamans se bat pour que plusieurs bavures soient reconnues, notamment par les autorités politiques. Leurs interpellations ont été relayées dans les médias dont la RTBF et au travers d'interpellations citoyennes au conseil communal.
A l'époque, les équipes du Délégué général aux Droits de l'Enfant décident de mener une enquête de terrain pour tenter d'objectiver le ressenti des mamans et des jeunes. Car, dans les faits, aucune plainte n'a été déposée, ni auprès des services internes de la zone de police Midi (Saint-Gilles, Anderlecht, Forest), ni auprès du Comité P (la police des polices).
La RTBF a pu mettre la main sur ce rapport qui remonte à février dernier (à lire ci-dessous dans son intégralité) et qui n'a jamais été rendu public. "Considérant la gravité des allégations et après s’être assuré du fait que la plupart des témoignages provenaient de jeunes mineurs d’âge à l’époque des faits mis en cause, le Délégué général aux Droits de l’Enfant a décidé d’initier une rencontre avec les jeunes afin de répondre à leur demande d’être entendus", justifie d'abord le rapport. Son objectif: libérer la parole et formuler des recommandations au bourgmestre de Saint-Gilles.
Abus d'autorité
Si les entretiens ont eu lieu en 2017, ils témoignent d'une réalité qui serait encore présente aujourd'hui. "Les jeunes ont formulé assez majoritairement des allégations de violences physiques, psychologiques et verbales et ont dénoncé des contrôles systématiques et arbitraires", ajoute le rapport. "Si la présence policière n’est pas remise en question par les jeunes - tous les jeunes ne cherchent pas à s’exonérer de leurs responsabilités et à banaliser certains de leurs comportements répréhensibles - il semble toutefois que, d’après les témoignages, les méthodes employées soient susceptibles de qualifier un abus d’autorité dans le chef de certains agents", insiste le document qui relève aussi l'absence de plaintes par découragement des jeunes.
Que disent les jeunes justement? Quels sont les violences verbales que commettraient les policiers d'UNEUS? Exemples: "Mets-toi contre le mur ou je te rentre dedans"; "tu fais du sport toi gros lard ? […] on voit pas la différence"; "qu’est-ce que vous faites ici bande de gamins de merde!"; "cassez-vous de là, bande de petits PD"; "Bande de petits cons, bande de petits trous du cul, si on veut maintenant, on vous déshabille, et on vous fouille comme des putes". Des jeunes font également état de propos racistes: "Sales maghrébins"; "bougnoules"; "sales arabes"; "vous les singes baissez le son". Des propos impossibles à corroborer mais exprimés par plusieurs jeunes.
Les jeunes se plaignent également de violences psychologiques, du climat de terreur instauré par la police mais aussi "d'usage illégitime et/ou disproportionné de la force lors d'interpellations". On peut lire ainsi: "Un jeune dit s’être fait casser le bras lors d’une interpellation, l’un aurait subi des coups entraînant une infirmité prolongée, trois témoignages évoquent des dents cassées. Un jeune, victime présumée, rapporte les faits suivants: "Ils sont venus me chercher […]. Je les ai vus parce que je savais qu’il y avait quelque chose. Ils m’ont balayé. Je marchais et c’est tout, ils m’ont balayé. Puis je me débattais pour qu’ils arrêtent de me tenir. Ils m’ont tapé la tête contre une sorte de banc, et j’ai eu un morceau de dents dans la lèvre."