L’ambiance " fin de siècle " et feutrée du Métropole sert d’écrin à la rencontre entre Thierry Bellefroid et Sorj Chalandon. Journaliste chez Libération pendant 34 ans puis Au Canard enchaîné, Sorj est aussi romancier à succès depuis une quinzaine d’années. Il est, entre autres, l’auteur de Profession du père (Grasset), transcrit en B.D. par Sébastien Gnaedig (Futuropolis) et dont l’adaptation cinématographique sortira bientôt avec, dans le rôle plus vrai que nature du père, un certain Benoît Poelvoorde. Sorj Chalandon est de tous ses romans, son talent d’écrivain lui offrant la possibilité de redevenir l’acteur qu’il n’a pas le droit d’être en qualité de journaliste. C’est une nouvelle fois le cas dans Une joie féroce, son dernier ouvrage paru chez Grasset. Sa vie, Sorj Chalandon l’évoque à travers les objets rassemblés dans la suite de l’hôtel, ils sont les reflets d’une enfance blessée, d’une adolescence difficile et d’un âge adulte accompli, une vie aussi marquée par la figure d’un père mythomane et violent. Le room-service proposé par Lucile Poulain, Michel Dufranne et Thierry Bellefroid sera une torture pour l’auteur qui évoquera aussi le livre qui a changé sa vie à jamais, une trilogie qui lui colle véritablement à la peau.
Un roman thérapeutique
Dans Une joie féroce, Sorj Chalandon commet un roman grave et léger… Ou léger et grave, c’est selon. Un ouvrage qui raconte un combat, une guerre, l’apprentissage d’une stratégie contre un ennemi implacable qui porte pour nom cancer. Un ennemi qui, en 2018 et à quelques jours d’intervalle, a touché Sorj et sa femme. Un traître qu’ils ont réussi à battre. Une joie féroce parle de la maladie, en rit et s’en moque. L’homme-écrivain Sorj en a fait une sorte de farce dont l’écriture l’a soulagé de cette guerre tellement intime, différente de toutes ces zones de guerre que l’homme-journaliste Chalandon a fréquenté à travers le monde. Un roman libérateur, un ouvrage thérapeutique, c’est évident.