Sophie Wilmès s’apprête à boucler une année hors normes. La discrète ex-ministre du Budget entamait pourtant 2020 auréolée de son tout nouveau statut de première femme Premier ministre de Belgique. Une première historique. Mais c’était sans compter avec une crise sanitaire inédite et inattendue.
Bombardée commandante en chef du Conseil national de sécurité (CNS) au tout début de la pandémie, Sophie Wilmès est devenue au fil des mois le visage et la voix de la lutte contre le covid-19. Au four et moulin, dotée des pouvoirs spéciaux, elle a mené de front la gestion de la crise sanitaire, les affaires du Royaume, d’interminables palabres européennes et – cerise sur le gâteau – les négociations en vue de la formation du gouvernement Vivaldi.
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Last but not least, en octobre, alors qu’elle a passé le flambeau à son successeur, Alexander De Croo, pour enfiler les habits plus confortables de ministre des Affaires étrangères, elle est contre toute attente rattrapée par le virus. Diagnostiquée positive au Covid, Sophie Wilmès est hospitalisée. Une semaine aux soins intensifs, dans une de ces fameuses unités qu’elle s’est évertuée à préserver de l’implosion.
Cinq semaines et demie
Après un peu plus de 5 semaines d’absence, Sophie Wilmès est de retour au travail. Avec nous, elle revient sur son passage aux soins intensifs mais aussi sur cette année exceptionnelle qui lui aura valu son lot de fleurs comme de chardons.
Ce matin-là, dans son bureau des Affaires étrangères, la cheffe de la diplomatie belge n’est pas encore "à 100% en pleine forme" et cherche encore à comprendre comment le virus a pu lui jouer ce mauvais tour. L’incrédulité le dispute à la colère : "C’est quand même dingue. Qu’est-ce qui m’a échappé ? Qu’est-ce qui s’est passé ? J’ai toujours – et je le fais toujours – respecté les règles ". Mais rapidement, elle corrige le tir : "Il ne faut surtout pas en déduire que du coup cela ne sert rien de suivre les règles… au contraire. Car cela pourrait être pire !"
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Le Covid ne lui a en tout cas réservé aucun traitement de faveur. Son état de santé s’est rapidement dégradé, poussant son médecin à la faire hospitaliser par prudence. Sophie Wilmès restera une semaine aux soins intensifs. Si elle dit n’avoir jamais eu peur et avoir eu une confiance aveugle dans l’équipe de soignants, l’expérience l’a marquée : "J’ai été triste de quitter la maison sans dire au revoir à mes enfants, je leur ai dit au revoir de loin, sans les prendre dans mes bras. Ce n’est pas drôle, moi je suis une maman très câline et je suis très proche de mes enfants. Mais je garde à l’esprit qu’il y a des situations bien plus difficiles, bien plus dramatiques".