Week-end Première

Somnologue : un métier pour dormir sur nos deux oreilles

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Accélération des modes de vie, invasion des écrans, pollution lumineuse, sonore, stress et malbouffe, nous dormons 1h30 de moins qu’en 1960 et surtout moins bien. Mal individuel, longtemps considéré comme mineur, le sommeil est aujourd’hui en passe de devenir un enjeu de santé public avec un métier qu’on explore en compagnie d’Olivier Marchal, sociologue et directeur de la Cité des Métiers de Charleroi, celui de somnologue.

Les études s’enchaînent et se ressemblent. 20% d’entre nous souffriraient d’insomnie chronique. Et les autres, d’un sommeil de mauvaise qualité. Avec des conséquences sur la vie sociale et la santé, comme la réduction de la quantité de matière grise dans le cerveau des ados ou encore l’augmentation des risques de diabète, de maladie cardio et une baisse de l’immunité.

Un manque de sommeil qui fait de la vie de celles et ceux qui en souffrent, un enfer et qui coûterait plusieurs centaines de milliards de dollars à l’économie mondiale.

Le sommeil : une fonction universelle

Fonction essentielle pour le corps humain, on y consacrerait 27 années de notre vie. Et pour quoi faire ? Pour offrir à nos vaillantes carcasses, un peu du repos physique, psychique, et du temps pour croître ou se réparer.

Le sommeil est également indispensable à toute la sphère du vivant sur Terre. Entre le koala, star de la couette, qui dort 22h par jour, et la fêtarde girafe qui n’en dort quune et demie. Nous, les humains, en milieu de classement, ironie des chiffres ou juste place dans l’évolution, avec 7h30 de sommeil, pile entre le porc et le cochon d’inde.

Le sommeil au passé : mystère et boules… quiès

Tout au long de l’Histoire, et des traces qu’on en a gardées, l’Humanité a entretenu vis-à-vis du sommeil des rapports ambivalents, voir paradoxaux. Chez les Grecs qui l’apparentaient à la mort, Thanatos étant le frère de Hypnos.

De partout ensuite et aussi, le sommeil et surtout les rêves qui le peuplent ont été diversement appréciés comme diseur de bonne aventure, révélateur de nos traumatismes, ou secrets enfouis, ou encore comme révélation divine ou diabolique.

Et pour les insomnies, pas mieux. Pour Hippocrate, c’était la faute à la mélancolie. Pour Aristote, à la chaleur interne, et pour tant d’autres : la faute à l’obsession amoureuse.

Quand vint la révolution industrielle, le sommeil devint une tare, à bannir et combattre. Thomas Edison, célèbre inventeur et industriel, dira d’ailleurs qu’il ne "voyait aucune raison rationnelle à ce que les hommes dorment".

Et ce n’est que 60 ans après l’invention des somnifères par l’entreprise Bayer, qu’on va vraiment s’intéresser aux mécanismes complexes de l’endormissement, de l’éveil et du sommeil, grâce à un outil : le polysomnographe. Et rendre possible l’éclosion du métier de somnologue.

© iStock / Getty Images Plus

Le métier de somnologue

Au cœur de la fonction, il y a le diagnostic. Pas simple, car le sommeil est un processus complexe et multifactoriels : génétique, hygiène de vie, nutrition, psychologie et environnement s’y entrechoquent souvent, pour ensuite s’exprimer au travers de trois grandes catégories de cas :

  • Celles et ceux qui dorment ou s’endorment quand il ne faut pas ;
  • Celles et ceux qui ont des soucis de mécanique, de tuyauterie, ronflements et apnée du sommeil en tête ;
  • Celles et ceux qui ne parviennent pas à s’endormir, ou dormir suffisamment longtemps et bien.

Pour cerner tout ça, le ou la somnologue va utiliser des tests neuropsychologiques, des tests d’endormissements, d’éveil, ou bien encore la tenue d’un agenda de sommeil, ou carrément un boîtier connecté à mettre dans son lit durant chaque nuit.

Et une fois le problème ciblé, il ou elle va déployer un arsenal de solution alliant :

  • Éducation à l’hygiène du sommeil ;
  • Thérapies comportementales et cognitives ;
  • Médicaments, seulement si nécessaire ;
  • Mais aussi de la photo ou chronothérapie.

De la médecine dure donc, pour un problème majeur de société.

La Sleep Tech en embuscade

Imaginer le coût sociétal et économique du manque de sommeil revient à cerner combien tout ce qui pourra y remédier a de l’avenir, en ce compris financier.

Et la Sleep Tech, ou technologie du sommeil, qui pèsera cette année 120 milliards de dollars, comprend justement des gadgets innovants pour nous endormir avec de la lumière, du son, ou ces fameux bruits blancs.

Mais aussi, des masques de sommeil, des coussins intelligents qui régulent la chaleur et l’humidité et mon préféré : une boule de mousse, de la taille d’une peluche, qui simule la chaleur, les mouvements et les bruits de la respiration, donnant l’impression d’une présence, sans les désagréments d’une vraie personne ronflant à ses côtés.

De quoi clairement, donner de l’espoir à celles et ceux qui souffrent, à condition de consulter d’abord - les somnologues, les vrais avant d’espérer mieux piquer du nez en plongeant son bec dans les promesses coûteuses de la Sleep Tech.

Plus d’infos sur ce métier (et sur tant d’autres), c’est, du lundi au vendredi, de 9h à 12h, sur Miti : la plateforme d’orientation en ligne entièrement gratuite de la Wallonie et de Bruxelles, ou bien, en présentiel avec ou sans rendez-vous, dans vos Carrefours et Cités des Métiers préférées : Bruxelles, Charleroi, Liège et Namur.

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