L’écoresponsabilité s’est installée dans toutes les habitudes de Soho. Grâce à son éducation, ses origines et ses habitudes alimentaires Soho était prédestinée à se lancer dans le combat écologique. Végane depuis 11 ans, il était naturel pour Soho de mettre sur pied son nouveau projet, une maroquinerie écoresponsable, éthique et respectueuse des animaux : Lubay
À 36 ans, Soho a déjà vécu une vie bien mouvementée et comme beaucoup de monde, c’est la pandémie qui a tout bouleversé, surtout pour elle en tant que musicienne à temps plein. Durant approximativement deux ans, le monde de l’art s’est arrêté et son groupe, Coffee or Not n’a pas fait exception : les tournées étant annulées, les activités étaient mises en pause. " Je n’ai pas touché un seul instrument durant cette période. Il n’était pas temps pour moi de clore un chapitre mais plutôt de prendre une grande respiration. Maintenant, on s’est remis à faire de la musique mais on n’a pas encore de tournée prévue. On s’y remet petit à petit parce que ça nous manquait ".
Soho devait donc se renouveler mais tenait absolument à conserver sa créativité. Ce sont les débuts de Lubay (/lubaj/). " Je suis quelqu’un qui se pose pas mal de questions mais j’ai jamais envie que ça me bloque. J’ai beaucoup réfléchi et après avoir analysé la situation, j’ai pris un bol d’air et je me suis lancée. J’ai dû accepter que je ne pouvais pas tout contrôler et que les choses viendront une fois le projet lancé". En 2021, un crowdfunding est commencé et six mois plus tard, la maroquinerie végétale écoresponsable devient concrète.
Made in Belgium, dans le respect de tous
Lubay, c’est une marque de sacs et accessoires durables, conçus sans cuir et fabriqués en Belgique. " Pour moi, c’était important de proposer une alternative sans cuir. Ça existe déjà et des grandes marques s’y sont mises. C’est super pour la cause animale mais il y a toujours des soucis : ils utilisent du similicuir qui contient énormément de PVC, ce qui n’est pas top pour l’environnement. Il y a aussi d’autres marques qui existent mais qui pratiquent des prix très élevés, même si les produits sont faits en Chine. C’est donc difficile de trouver quelque chose le plus résilient par rapport à l’environnement, dans lequel il n’y a aucune substance animale, ni toxique et qui est fabriqué dans des conditions éthiques. De là est née ma réflexion et en plus de ça, je voulais que mes produits soient les plus abordables possible ". Pour répondre à cette réflexion, il a fallu trouver une alternative végétale au cuir. Soho utilise principalement deux matériaux : le liège et un autre pour le moins étonnant : le piñatex, qui est un textile fabriqué à partir de fibres de feuilles d’ananas séchées.
Le 'tannage' des feuilles d’ananas est un processus bien différent de ce que l’on connait dans celui du cuir. " La plupart du cuir est tanné au Bengladesh et en Chine et on ne sait même pas de quel animal il provient ". Pour le piñatex, on est certain que la matière première provient d’ananas essentiellement cultivés aux Philippines où les feuilles, traditionnellement brûlées, y sont séchées naturellement, au soleil. Elles sont ensuite envoyées en Espagne pour être transformées en piñatex à proprement parler. Le liège, lui, est extrait sans abattre ni abîmer d’arbre.
Ce projet est en fait le reflet parfait de Soho et de ses habitudes qui se sont installées progressivement et naturellement dans sa vie. Végétarienne de base, elle n’a pas eu de difficultés à devenir ensuite végane, il y a une dizaine d’années. " Je me suis dit que la viande qu’on mange engendre beaucoup de souffrances animales et des soucis environnementaux. J’ai arrêté facilement sa consommation mais je pourrais très bien arrêter d’acheter du fromage et des chaussures en cuir. Si j’arrête de manger toute matière d’origine animale, autant aussi arrêter d’en porter. C’est pareil pour tous les produits cosmétiques ! Je fais attention à ce qu’ils ne soient pas testés sur des animaux ".
Inspirations d’ici et de là-bas
Cette conscience pour l’écologie, le respect des animaux et des droits humains, la jeune entrepreneuse la tient d’une part de son éducation et de son vécu, d’autre part de ses origines philippines. Soho a été adoptée en Belgique et a grandi ici, dans une atmosphère écoresponsable. " La conscience écologique, c’est quelque chose qu’on acquiert au cours de l’existence et mon père a toujours fait très attention. Si on est entouré de gens comme lui, quelque part, on imite et on continue ce modèle. Du coup, je me suis posé très tôt pas mal de questions sur la manière dont les gens consomment les vêtements et les accessoires. Quand j’étais petite, j’étais interpellée par la tendance de certains à acheter des vêtements littéralement chaque semaine parce que la mode changeait aussi vite ".
Soho n’est jamais allée aux Philippines mais elle a noué un contact avec sa famille biologique et ce contact était complémentaire avec l’éducation qu’elle a reçue et ses réflexions personnelles. " Je vois la façon dont ils vivent dans les montagnes et ce qui me tue, c’est qu’ils ont une conscience écologique propre à eux. Ils vivent traditionnellement dans le respect de la nature et je les trouve assez inspirants, par leur autonomie et leur auto-suffisance. Ils ne dépendent pas des supermarchés car ils consomment tout ce qu’ils cultivent. Ils ne se disent pas écolos, c’est un concept qu’ils ne connaissent pas ! C’est juste qu’ils vivent comme ça ! ". Cette vie ralentie, au rythme de ce que la nature nous offre et de ce que la réalité nous dicte, Soho tente de la retranscrire dans Lubay. Ses productions sont intemporelles et elle se refuse formellement d’entrer dans un système de consommation à outrance qui comprend les collections saisonnières et les soldes pour liquider les invendus.
Un plus grand soutien pour une transition écologique plus efficace
La créatrice est soutenue à 100% par son entourage dans son aventure Lubay. Les gens autour d’elle sont positifs et ils essaient de l’aider à leur échelle en parlant du projet autour d’eux. Malgré tout, Soho se sent isolée dans la gestion de son entreprise, qui est toujours en phase de démarrage. " Je suis seule dans mon projet et je dois prendre toutes les décisions importantes seule et donc les assumer. Je dois choisir les matériaux dans lesquels investir, comment mener mes campagnes de communication, etc. J’ai des amis indépendants, on se partage nos plans mais au final, nos problèmes sont propres à nos projets. Je dois juste me faire confiance ". Un de ces problèmes, c’est la communication. Soho est persuadée que le monde est intéressé par l’aspect écoresponsable et ‘Made in Belgium’des projets mais il y a un problème de visibilité.
Se faire connaître, c’est un objectif primordial pour répondre à son ambition écoresponsable. Cet objectif, il est bien sûr altruiste car Soho n’est pas à la recherche absolue du profit. Elle désire plutôt une prise de conscience collective et que plus de monde puisse se lancer dans de tels projets. " On m’a déjà conseillé de faire fabriquer mes sacs en Chine mais non, c’est pas ça le but ! J’espère plutôt qu’il y aura de plus en plus de projets comme le mien parce qu’on sait que l’élevage classique représente 20% des émissions globales de gaz à effet de serre. Ça demande aussi énormément de ressources pour élever les animaux comme l’eau, la nourriture et les terres qu’on y consacre. On sait aussi que le tannage minéral entraîne de sérieux problèmes environnementaux, éthiques et sanitaires. J’espère donc qu’il y a d’autres alternatives qui vont se créer ! "
L’atelier de Lubay se trouve à Bièvre mais les productions de Soho s'achètent en ligne
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