Chroniques

SNCB : un front commun patronne-syndicats-usagers face au gouvernement

Philippe Walkowiak

© RTBF

 

Finalement, la seule différence entre la patronne de la SNCB et les syndicats de l’entreprise, c’est le recours à la grève. À part cela, tous partagent les mêmes revendications. En effet, les usagers se sentent aussi victimes des pénuries de personnel, de la vétusté du matériel et des installations ou du manque de moyens alloués au transport par rail.

Ainsi, on retrouve un véritable " front commun " direction-syndicats-usagers du rail face au gouvernement et aux choix de celui-ci.

Héritage douloureux

Sophie Dutordoir le répète : la SNCB (les trains) comme Infrabel (les rails) restent les victimes de nombreuses années de sous-investissement. Le dernier plan de gestion de la SNCB remonte à… 2008 ! Depuis, le transport par rail a été laissé à lui-même, sans perspective.

Le gouvernement Michel constitue le dernier exemple en date : il entendait réaliser 3 milliards € d’économies sur la législature, en supprimant 2700 emplois avec l’ambition affirmée de placer le rail belge à un niveau de performance du service au client qui nous place dans le top 5 européens ! (sic).

Cette fois, la patronne de la SNCB espère bien conclure ce qu’elle appelle un plan industriel pour 10 ans. En véritable CEO, soucieuse du développement de son entreprise, elle va pouvoir (enfin !) développer une vision du transport par rail pour peu que les gouvernements à venir lui conservent les moyens nécessaires.

Investir

Si aujourd’hui, le rail est présenté comme le moyen de transport de l’avenir, il a été longtemps négligé. Depuis les gouvernements Martens-Gol, la SNCB a régulièrement fait les frais des économies budgétaires, au gré notamment des réformes de l’état successives qui vidaient les caisses fédérales au profit des Communautés et Régions.

On notera ainsi que les revendications entendues dans les chemins de fer sont similaires à ce qu’on a entendu à la police, dans la Justice, la Santé, à la protection civile, dans l’accueil de réfugiés, etc. : pénurie de personnel, vétusté, manque de moyens, déconsidération, …

Pourtant, en 25 ans, malgré le recours abusif à la voiture de société, la SNCB a doublé le nombre de voyageurs transportés : plus de 250 millions par an, juste avant le Covid. Lors des deux ans de pandémie, comme insistait Sophie Dutordoir, il a été demandé à la SNCB de poursuivre la même offre de transport : 100% de l’offre mais 10% des voyageurs, avec à la clé une lourde perte financière pour une entreprise aux finances déjà plombées.

Faute de moyens, le gouvernement fédéral en a été réduit à autoriser SNCB et Infrabel à creuser un peu plus leurs dettes.

Un plan pour 10 ans ne sera suffisant que si une réelle volonté politique est garantie pour la même période.

 

@PhWalkowiak

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JT du 29/11/2022

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