Ils et elles sont jeunes. Inventifs, ces entrepreneurs ont créé un concept durable qu’ils sont en train de développer ou de commercialiser. La plupart d’entre eux travaillent sur ce projet depuis leurs études et sont passés par des incubateurs – c’est-à-dire des structures d’accompagnement de projet de création d’entreprise. Les jeunes y sont " coachés " avant de prendre leur envol. Vivre Ici vous présente 6 projets à surveiller de près dans nos régions.
Greenzy : vive le compost
De plus en plus de Belges ont recours à un compost. L’expérience n’est pas toujours concluante : le sac poubelle dégouline, sent mauvais et attire les mouches en intérieur. Quant au compost extérieur, il demande des connaissances, fait le plaisir des rongeurs et peut se révéler incompatible avec nos conditions météo – nous ne sommes pas toujours motivés à traverser sous la pluie notre jardin pour aller y mettre nos pelures de clémentines !
Pour remédier à ces problèmes, trois ingénieures – Adélaïde, Laetitia et Fiona – ont conçu Greenzy : un composteur d’intérieur et inodore qui transforme les déchets organiques en terreau de qualité. Concrètement, vous pouvez y mettre en continu vos restes de nourriture ou vos épluchures de légumes et vous tournez la manivelle pour broyer et mélanger ces déchets. Puis, les micro-organismes s’occupent du reste : deux mois plus tard, le terreau naturel et fait maison est prêt à être utilisé pour vos plantes ou votre potager par exemple. Durant le processus, une application vous donne des conseils d’entretien via des notifications comme ajouter un verre d’eau pour rendre le compost moins sec.
Ce composteur de la taille d’une poubelle classique (50 l) est pensé pour une famille de 1 à 4 personnes. Il est conçu et produit en Belgique à partir de matériaux recyclés et recyclables : “Nous avons voulu aller jusqu’au bout de la démarche depuis l’idée jusqu’à la production afin que notre produit soit le plus durable possible” explique Adélaïde. La commercialisation est prévue pour l’année 2022.
Ecopoon : et si on mangeait nos couverts ?
Cyril et Maxime ont lancé Ecopoon : des couverts 100% comestibles et écologiques pour le monde de la restauration et dans un esprit zéro déchet. "Notre gamme de couverts est une alternative aux différents types de plastiques (et bois) à usage unique", explique Maxime.
Depuis août 2020, les cuillères et cuillères-verrines comestibles sont commercialisées dans trois variantes différentes : une cuillère classique nature, une cuillère apéritive nature et romarin, une touillette à café au spéculoos. "Elles sont produites à base d’ingrédients locaux et naturels." Ces couverts se veulent aussi solides, résistants au chaud et au froid, et bons au goût.
A voir : le reportage de RTC Liège sur Ecopoon
Aujourd’hui, les deux jeunes hommes se sont installés dans un nouvel atelier de fabrication à Battice, en région liégeoise. "À terme, nous souhaitons élargir la gamme avec d’autres ustensiles tels que des pailles et des fourchettes."
Superzéro : des produits ménagers liquides en vrac
Arthur et Olivier, deux amis de longue date, veulent lutter contre les plastiques à usage unique, en particulier les emballages des produits liquides dans les grandes surfaces. En octobre 2019, ils créent ainsi " Superzero ", un nouveau modèle de distribution des liquides en vrac.
Concrètement, ils ont fabriqué eux-mêmes des distributeurs automatisés. Si la machine peut interpeller au premier regard, son fonctionnement se révèle très simple : les clients se rendent dans un des magasins-partenaires, achètent – la première fois – le récipient en plastique réutilisable et appuient sur le bouton de démarrage. Le produit s’arrête automatiquement à la limite du contenant et ne déborde donc pas. Par la suite, une fois le produit terminé, les clients reviennent en magasin et remplissent leur bouteille réutilisable.
100% belges, ces produits se veulent respectueux de l’environnement, puisqu’ils sont composés à 99,6% d’ingrédients d’origine naturelle et sont donc biodégradables. Superzéro a d’ailleurs obtenu le label européen " Ecolabel " qui indique des produits avec un faible impact environnemental tout en garantissant leur efficacité. Quant à l’approvisionnement, la start-up bruxelloise récupère les jerricanes vides, les lave et les remplit à nouveau avant de les rendre aux magasins-partenaires. Ces jerricanes de 20 litres sont donc également réutilisables.
En plus d’une dimension fortement écologique, Superzéro a intégré une dimension sociale dans son fonctionnement, puisque leurs produits sont fabriqués avec une entreprise de travail adapté — l’Atelier Jean Regniers à Lobbes qui favorise l’insertion des personnes handicapées dans le monde professionnel.
A voir : TéléSambre s’est rendu à l’Atelier Jean Regniers, une entreprise de travail adapté
Actuellement, Superzero propose essentiellement des produits ménagers domestiques (nettoyant toutes surfaces, lessive, liquide vaisselle, adoucissant) et du gel hydroalcoolique, mais Arthur et Olivier comptent bien développer de nouvelles recettes comme des produits corporels. Pour le moment, vous pouvez retrouver ces distributeurs dans une trentaine magasins bio et des grandes surfaces, principalement à Bruxelles et dans le Brabant wallon.
Woodstag : chic et tendance avec un nœud papillon en bois
En 2016, Woodstag voyait le jour. Frédéric, Grégoire et Antoine – trois amis des scouts – décident de se lancer dans la production de nœuds papillons à partir de chutes de bois. 5 ans plus tard, le projet a bien grandi et propose désormais une gamme de produits très variés : des bretelles, des boucles d’oreille, des boutons de manchettes, des portefeuilles classiques ou en " origami ", des porte-clés ou des chaussettes.
Le projet se concentre donc sur des accessoires de mode confectionnés à partir de matières premières – du bois, du cuir ou des jeans – recyclées et récupérées chez des menuisiers ou des tanneurs belges. Allier mode et écologie, voilà donc le pari osé de Woodstag ! La mode reste en effet la deuxième industrie la plus polluante de la planète : l’eau et les pesticides utilisés pour les matières premières, les résidus des produits de traitement rejetés dans la nature au moment de la confection, le transport des matières premières vers les usines ou des produits finis vers les commerces, etc.
Si au départ, les trois passionnés de bricolage réalisaient eux-mêmes les nœuds papillons au fond d’un jardin schaerbeekois, ils travaillent aujourd’hui avec des organismes sociaux comme un atelier bruxellois de réinsertion socioprofessionnelle ou la prison de Forest. " Là-bas, les prisonniers sont formés au travail du bois. Ils s’occupent de toutes les étapes : de la réception des matières premières au produit fini " explique Fréderic.
A voir : le reportage de BX1 sur la collaboration entre Woodstag et la prison de Forest.
En plus d’un e-commerce, les accessoires Woodstag peuvent se retrouver dans plusieurs commerces bruxellois, mais aussi à Liège, à Mons, à Namur ou encore à Arlon. Toutes les adresses sont à retrouver pour le site internet de Woodstag.
Eat’s Local : des produits locaux en un clic !
À peine sortie de l’UCLouvain avec un master en agroalimentaire, Delphine ne se voyait pas bosser pour l’industrie agroalimentaire ou les grandes enseignes de supermarchés. À la place, elle a voulu proposer une alternative pour la distribution des produits locaux.
Eat’s Local est ainsi né en 2019 : elle se propose de faire vos courses à votre place et de réunir des produits sains, locaux, de saison dans un même endroit. Concrètement, sur le site internet, vous pouvez faire vos courses et choisir tous les produits dont vous avez besoin : légumes, produits laitiers, épicerie sucrée et salée, viandes, boissons, boulangerie, etc. Pour les récupérer, vous pouvez vous rendre à des points de retrait gratuits dans le Brabant wallon, à Bruxelles et à Sombreffe. Des livraisons à domicile se font également au prix de trois euros.
A voir : le reportage de TV Com sur Eat’s Local
Avec ce projet, Delphine veut promouvoir une alimentation de qualité, aller directement à la rencontre des producteurs locaux et valoriser leur travail. " Nous, ça nous apporte beaucoup. On sait que notre produit va arriver directement chez le client final. Sans passer par un intermédiaire. " explique Julien, un producteur à la ferme de Berines (Villers-la-Ville). " Et au juste prix ! Dans les supermarchés, c’est toujours la concurrence des prix. Le moins cher absolument… Mais à un moment, il faut rémunérer correctement les gens qui nous nourrissent ! " conclut Delphine.
Palletix : bye-bye le film plastique dans le secteur de logistique
Palletix – lancé en octobre 2021 – est porté par Basile et Bastien tout juste diplômés en ingénieur de gestion à l’ULB. Ce projet veut proposer une alternative réutilisable au film plastique étirable pour sécuriser la marchandise transportée sur des palettes. L’ambition, c’est donc d’éliminer le plastique à usage unique dans le secteur de la logistique.
Cette idée a été développée par les deux jeunes hommes dans le cadre de leurs cours en développement durable, mais c’est surtout lors de ses jobs étudiants dans l’industrie que Bastien a pris conscience de l’usage massif du film étirable. " Sur le terrain, j’ai énormément palettisé manuellement ou semi-automatiquement. Parfois, on le faisait pour des petits transports. On déballait, puis on remballait de nouveau. Je consommais beaucoup de film plastique " se souvient Basile. En 2020, 77.000 tonnes de film de transports ont été consommées, et plus d’un tiers de ce film n’a pas été pas réellement recyclé.
Ce produit est toujours en cours de développement. "Nous collaborons avec un bureau d’études en design industriel à Liège sur des prototypes. On a plusieurs idées qu’on teste directement sur le terrain avec des entreprises-partenaires comme un filet ou une bâche parachute avec un système de sangles." Pour le moment, Palletix cherche toujours des entreprises pour pouvoir analyser leurs processus de palettisation et s’adapter à leurs besoins et leurs contraintes. "La commercialisation, on n’y est pas encore, mais le but c’est d’avoir un produit fonctionnel qui répond aux besoins du marché dans le courant de 2022."