"L’enfer sur terre"
Dans un salon de coiffure du quartier de Hamra, Ahmad, 20 ans, taille la barbe d’un client à la lumière de son téléphone portable.
"Nous travaillons dans des conditions qui se sont beaucoup dégradées", déplore le jeune barbier. D’autres coiffeurs ont décidé de couper les cheveux sur le trottoir pour avoir de la lumière.
Faute d’essence, dans certaines entreprises, des employés dorment sur place ou ne se rendent plus au bureau, alors que les taxis se font de plus en plus rares ou proposent des courses très onéreuses.
Y a-t-il plus humiliant que ça ?
Pour éviter les heures de queue interminables pour faire le plein d’essence, Abou Karim, un chauffeur de taxi, a laissé son véhicule la nuit devant une station-service, en espérant pouvoir se ravitailler le lendemain. Mais il n’aura rien.
"Y a-t-il plus humiliant que ça ?", s’emporte cet homme dont les revenus ont fondu en quelques jours.
"Pendant ce temps-là, les dirigeants ne manquent de rien, ni d’électricité, ni d’essence", s’emporte Abou Karim, se faisant l’écho de nombreux Libanais qui conspuent les dirigeants de tous bords.
Plusieurs secteurs vitaux, comme des hôpitaux, ont tiré la sonnette d’alarme ces derniers jours, menaçant de fermer leurs portes faute de courant et de carburant.
Je n’ai pas le choix, je ne peux pas fermer […] Si je ne travaille pas, je meurs de faim
La crise que traverse le pays, exacerbée par l’inaction des dirigeants, est l’une des pires au monde depuis 1850, selon la Banque mondiale.
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Environ 80% de la population vit aujourd’hui sous le seuil de la pauvreté, selon l’ONU.
Ahmad el-Malla, 30 ans, a décidé de garder son bar ouvert à Gemmayzé, ayant recours au système d’alimentation sans interruption et des sacs de glaçons pour garder ses bouteilles au frais.
"Je n’ai pas le choix, je ne peux pas fermer […] Si je ne travaille pas, je meurs de faim", lance-t-il.