Ensemble pour la planète

Siprès, la marque belge de cosmétique végétale en circuit court

© Siprès

Par Titouan Marichal

En janvier 2020, Camille Deveseleer s’est lancée dans le projet d’une vie. Celui de proposer une alternative plus responsable et éthique aux produits cosmétiques conventionnels. Elle lance alors Siprès, une marque belge qui offre des produits de soin préparés artisanalement à partir de matières premières de qualité, achetées en circuit court.

Camille Deveseleer était encore avocate en droit des sociétés quand tout doucement, afin de trouver plus d’alignements entre son quotidien et ses valeurs, elle commence à changer ses habitudes de consommation. "Mon objectif était d’adopter un mode de vie plus sain, de réduire mon empreinte écologique et d’avoir une consommation plus éthique." Elle commence par changer son alimentation, jusqu’à devenir végétarienne. "Ensuite, j’ai boycotté la fast fashion, réduit drastiquement mes achats de vêtements, fait mes produits ménagers moi-même et acheté des produits cosmétiques plus naturels et zéro déchet."

Petit à petit, Camille développe une expertise et apprend à décrypter les compositions de cosmétiques. "Les produits que je pensais bons étaient en fait pauvres en actifs et souvent fabriqués à partir d’huiles minérales, donc issues du pétrole." Elle décide alors de se tourner vers des produits plus propres. "J’ai découvert de nombreux produits cosmétiques naturels et locaux ! Mais, je me suis rendu compte que même si les produits étaient "Made in France" ou "Made in Belgium", il n’y avait que très rarement une réflexion sur les matières premières utilisées pour les réaliser." La majorité de ces produits naturels dits "locaux" utilisent en fait de l’huile de coco, de l’huile de jojoba ou encore du beurre de karité. "Toutes ces matières premières viennent de loin et donc, ont un impact environnemental important. Par ailleurs, on n’a aucun contrôle sur la manière dont elles sont produites, sur les conditions de travail…"

Ce manque de clarté et de traçabilité l’a finalement poussée à produire ses propres cosmétiques.

Tour de France

Après de nombreuses recherches, Camille découvre que plusieurs huiles et eaux florales lointaines ont des équivalents locaux, moins connus et souvent plus chers mais avec des propriétés tout aussi intéressantes ! "J’avais repéré quelques agriculteurs en France et en Belgique." Son projet mûrit alors de longs mois dans sa tête. "Un jour, mon père m’a dit : "Je prends une semaine de congé et ensemble, on va faire un tour des agriculteurs… Sinon, ton projet de cosmétique végétale en circuit court ne va jamais démarrer !"" Un déclic.

En octobre 2019, ils sillonnent les quatre coins de la France. Un parcours de plus de 3000 kilomètres à la rencontre des agriculteurs, avec lesquels elle travaille encore aujourd’hui. "Sur place mon père m’a dit : "Il faut acheter maintenant. On ne va pas repartir les mains vides !"" Sans trop savoir ce qu’elle allait en faire, Camille revient avec une camionnette pleine de bidons d’huiles et d’hydrolats. "Je devais alors lancer mon projet. Car la particularité des produits frais et naturels, c’est qu’ils ne peuvent pas être stockés de longues années comme les produits conventionnels dont on a retiré toutes les matières organiques vivantes." Fin 2019, elle démissionne, suit une formation en aromathérapie et puis en cosmétologie et se lance pleinement dans ce projet.

La philosophie Siprès

Le point de départ de la marque Siprès est la matière première. "Il est important pour moi d’aller sur place, rencontrer les agriculteurs français et belges qui cultivent, récoltent et pressent eux-mêmes les plantes." Pour elle, c’est la seule façon de garantir des produits de soin dont les ingrédients sont entièrement traçables. "C’est aussi une manière d’offrir de nouveaux débouchés aux agriculteurs et de s’assurer qu’ils soient rémunérés au prix juste… Car beaucoup d’agriculteurs se retrouvent forcés de vendre leurs récoltes à des prix dérisoires tant la concurrence à l’international est rude."

De plus, cet approvisionnement en direct permet d’avoir des matières premières saines et fraîches, et donc plus efficaces car très riches en actifs. "C’est une grande différence par rapport aux produits cosmétiques conventionnels. Ces derniers ont souvent le même début de formule, avec de l’eau, une huile minérale (donc issue du pétrole) et puis une série d’ingrédients, parfois controversés pour la santé comme les perturbateurs endocriniens. Et enfin un actif, sur lequel tout le marketing est basé, mais qui ne se retrouve qu’en faible quantité !"

Tous les produits Siprès sont eux formulés à partir d’huiles végétales, d’huiles essentielles ou d’hydrolats (eaux florales) locaux. Les ingrédients issus de la pétrochimie ou provenant de l’autre bout du monde sont bannis. L’objectif est évidemment d’avoir l’impact environnemental le plus faible possible. "Même au niveau de l’emballage, il y a toute une réflexion. Les flacons sont en verre. Les gens peuvent les réutiliser, les ramener, etc. Il n’y a pas de plastique, mis à part les bouchons." Par ailleurs, les produits sont véganes et non testés sur les animaux, conformément à la législation européenne.

Camille confectionne, elle-même, les cosmétiques dans son atelier à Nivelles qu’elle ouvre chaque premier dimanche du mois. "Ainsi, les gens peuvent venir essayer et acheter les produits en direct, poser toutes leurs questions et comprendre ma démarche." Autrement, ses produits ne sont disponibles que via son propre site internet.

© Siprès

Quel prix et quel public ?

Cette manière de travailler, avec les agriculteurs locaux et de façon artisanale, a-t-elle un impact sur le prix final du produit ? "C’est sûr que si l’on compare une crème visage à 5€ en grande surface à mes huiles végétales (à partir de 11,90€), ça peut paraître cher. Mais selon moi, le rapport qualité/prix est bien meilleur chez Siprès. Mes produits sont plus efficaces, il faut donc les utiliser en plus petite quantité et durent ainsi plus longtemps. De plus, les produits sont le prix d’un travail rémunéré au prix juste, sans exploitation humaine ou animale."

Aujourd’hui, 95% de la clientèle de Camille est féminine. Cependant, une multitude de produits sont parfaitement adaptés pour un public masculin. "L’huile de chanvre est parfaite pour remplacer la crème d’après-rasage." Les produits peuvent aussi être utilisés pour les petits bouts. "Il y a notamment l’huile d’amande douce très reconnue pour le soin des bébés."

Consomm’action

À plusieurs reprises, Camille s’est posé la question de l’importance de son projet dans notre société. N’est-ce pas un peu superficiel ? Ce projet peut-il avoir un réel impact ? "Finalement, je me suis dit que les produits cosmétiques faisaient partie de notre quotidien. Une grande majorité des gens les utilise chaque jour. Je pense qu’à ce niveau-là, je peux avoir un impact important. Je peux aider les gens à consommer différemment, de manière plus saine pour la santé et la planète." Permettre un pas supplémentaire vers une transition au sens large. "Je suis convaincue que consommer, c’est voter ! Que par nos choix de consommation, on peut faire évoluer la société vers un modèle plus vertueux. Et si tous les petits projets de cosmétiques naturels comme le mien parvenaient à prendre ne fût-ce que quelques pourcents à l’Oréal&Co, ce serait déjà ça de gagné !"

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