La crise du Covid a mis le secteur non-marchand a rude épreuve. Aujourd’hui, il en paye encore le prix. "Après la pandémie, on pensait que les gens allaient pouvoir souffler un peu. Cela n’a pas été le cas", explique Yves Hellendorff, Secrétaire général de la CNE pour le secteur non-marchand. Après le Covid, il a fallu rattraper le retard, reprendre les soins laissés en suspens à cause de l’épidémie. Les travailleurs du non-marchand se sont donc retrouvés avec une activité accrue.
A cela s’est ajoutée une difficulté majeure : la pénurie de personnel. "Cela fait déjà plusieurs mois, et la crise Covid a mis en lumière ces difficultés, que nous tirons la sonnette d’alarme et que nous constatons que, soit le personnel en place est épuisé et s’absente pour raisons de santé, soit nous n’arrivons plus à attirer les jeunes dans le secteur", constate Eric Dubois, responsable pour le Non-marchand à la CGSLB. "On a un taux d’absentéisme de près de 14%", renchérit Yves Hellendorff.
Le secteur non-marchand ne séduit plus. Les travailleurs sont épuisés et partent. Ce sont "des gens qui quittent la profession ou qui passent à temps partiel parce que les modifications d’horaires, les rappels, c’est devenu inconciliable avec une vie familiale et sociale", poursuit Yves Hellendorff.
Ce qu’on constate aussi, ce sont des travailleurs, par exemple dans le secteur hospitalier, qui préfèrent se tourner vers l’intérim. "L’intérim donne le sentiment de gagner plus. Cela donne aussi la possibilité de choisir son horaire", explique Nathalie Lionnet, Secrétaire fédérale du Setca pour le secteur non-marchand. L’intérim permet à certains d’éviter la contrainte des horaires de nuit ou du week-end. "L’intérim permet de dire non sans être un mauvais collègue, puisqu’on n’appartient pas vraiment à l’équipe", ajoute Nathalie Lionnet.
Alors, explique-t-on du côté syndical, tout cela augmente la pression sur les travailleurs qui sont en poste. "J’ai vu passer un horaire d’un service de soins intensifs. Sur huit personnes, il y en a sept qui travaillent de 7h30 à 20h00 avec une demi-heure de pause. Vous imaginez la qualité des soins ?", s’interroge Yves Hellendorff. Nathalie Lionnet, elle, évoque la situation de ces infirmiers ou infirmières qui n’osent plus demander à leurs patients s’ils ont besoin de quelque chose, parce qu’ils ou elles savent qu’ils n’auront pas le temps d’aider ces patients.