Shakiro a fui son pays d’origine, le Cameroun, après y avoir vécu l’enfer. Brimades, humiliations publiques et emprisonnement, cette influenceuse a finalement rejoint la Belgique où elle compte reprendre des études de droit pour défendre ses pairs.
C’est lunettes de soleil à paillettes sur le nez et jeans à franges que Shakiro arrive dans nos studios. Un exercice auquel elle est habituée de par ses apparitions sur les réseaux sociaux. Pourtant, Shakiro semble stressée, émue. Elle s’installe et nous raconte son histoire et nous allons vite comprendre pourquoi.
"L’enfer sur terre"
Au Cameroun, Shakiro a écopé d’une peine de prison pour tentative d’homosexualité et attentat à la pudeur. "Je ne compte pas le nombre de fois où j’ai été violée en prison. Je ne sortais quasi pas de ma cellule - même pour prendre une douche - tellement j’avais peur", nous explique-t-elle avant de fondre en larmes. Elle n’a toujours aucune nouvelle de son amie Patricia, avec qui elle a été arrêtée en février 2020, dans un salon de beauté où elles travaillaient. S’ensuit une longue bataille juridique avant d’être libérée sous condition, en juillet, grâce à l’aide de son avocate et une mobilisation de sympathisants. Car Shakiro est très connue sur le continent africain. Elle poste régulièrement des vidéos sur les réseaux pour défendre la cause LGBTQIA+. À sa sortie, réfugiée au Nigéria où elle passe ses journées enfermée dans une chambre d’hôtel, Shakiro décide d’écrire son histoire ; depuis les passages à tabac, les excommunications de son village, de son église, et ces mois passés à la prison de Douala. Elle envoie son texte à des dizaines de personnes susceptibles de l’aider à travers le monde.
"La Belgique, l’endroit où je devais être depuis longtemps"
En janvier dernier, elle reçoit une réponse de l’ambassade belge au Nigéria. Sa demande de visa humanitaire est acceptée. Depuis, Shakiro vit à Bruxelles où elle compte bien reprendre le cours de sa vie, tout en continuant à se battre contre l’inacceptable. "En septembre, je vais m’inscrire en faculté de droit et pour espérer prendre la relève de mon avocate spécialisée dans la défense des droits des personnes LGBTQIA+ depuis plus de 20 ans. L’homosexualité n’est pas une maladie mentale ! Elle doit être dépénalisée partout dans le monde. L’amour, c’est l’amour."