Demandes d’enquête, éditoriaux incendiaires : la "bonne Suisse" et sa sacro-sainte neutralité se retrouvent mises à mal par le scandale d’espionnage au profit de la CIA et du renseignement allemand via une société helvétique.
Au centre des critiques, la crainte que Berne ait été complice, au moins tacite, de ces activités secrètes qui ternissent la réputation internationale du pays, hôte de nombreuses institutions de l’ONU et organisations comme la Croix-Rouge internationale.
"La bonne Suisse, neutre, non-alignée, hébergeait une quasi-agence des services de renseignement alliés", relève mercredi La Tribune de Genève dans un éditorial, estimant "fort probable" que la "Suisse officielle" ait "fermé les yeux", au nom sa neutralité.
Selon une enquête menée par le Washington Post, la télévision allemande ZDF et la radiotélévision suisse SRF, les services secrets américains ont acheté en 1970 la société suisse Crypto AG, leader sur le marché des machines portables de cryptage, pour mener avec l’Allemagne de vastes activités d’interception de communications confidentielles.
Les deux agences "ont truqué les équipements de la société afin de casser facilement les codes que les pays (clients) utilisaient pour envoyer des messages cryptés", selon l’enquête publiée mardi.