Les Académies royales de Belgique (Académie royale de Médecine de Belgique (ARMB) et Académie royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de Belgique) se disent inquiètes de la situation de monopole de Sciensano. Ces organisations disposent d’un rôle d’avis, confirmé par la loi.
Elles regrettent donc de ne pas être associées aux décisions sanitaires de gestion de l’épidémie de Covid19. Des décisions qu’elles jugent "arbitraires et opaques". Le déconfinement serait, selon ces organisations, le moment de revoir le mode de décision de Sciensano et de solliciter l’avis des Académies. "Jusqu’à présent, il a fallu penser à court terme. Aujourd’hui, nous devons également travailler sur le moyen et le long terme", estime Jean-Michel Foidart, secrétaire perpétuel de l’ARMB, dans un communiqué.
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Ces deux institutions regroupent une expertise importante dans des domaines extrêmement variés ainsi que des contacts avec tous les milieux universitaires. Ces compétences pourraient venir enrichir les réflexions de Sciensano.
Par ailleurs, les Académies estiment que certaines décisions de Sciensano ont manqué de cohérence ou carrément de fondement scientifiques. "Certaines décisions prises ces dernières semaines l’ont été en dépit des recommandations scientifiques internationales", explique le professeur Foidart.
Le communiqué se montre donc sévère vis-à-vis des actions entreprises par Sciensano. "Nos deux Académies sont indépendantes politiquement, c’est un gage de transparence et de cohérence pour la population. La Belgique n’était pas bien préparée pour faire face à cette pandémie."
Dépistage, traçage et isolement
Mais les Académies vont plus loin. Elles estiment que certaines décisions de Sciensano mettent même le pays en danger, notamment en matière de dépistage, de traçage et d’isolement. Selon leur communiqué, ces mesures seraient "en marge de ce que préconisent les autorités sanitaires internationales".
Les Académies évoquent notamment la question des tests sur les personnes asymptomatiques. "Les personnes asymptomatiques, notamment pré-symptomatiques, ayant été en contact avec un patient Covid doivent être testées car elles sont une source importante de transmission".
Les critiques des Académies ne concernent pas uniquement les tests diagnostiques. Elles visent aussi la gestion des tests sérologiques, c’est-à-dire les tests qui permettent de voir si un patient a contracté le virus et développé depuis des anticorps contre la maladie. "Malgré une commande d’un million de tests rapides, l’utilisation et le remboursement de ceux-ci restent interdits sur notre territoire".
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