Séisme en Turquie et en Syrie

Séisme en Turquie : le point sur place avec Hakan Bilgin, président de Médecins du Monde Turquie

Le point en Turquie avec Hakan Bilgin de Médecins du Monde

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La course contre-la-montre se poursuit aujourd’hui en Turquie et dans le nord de la Syrie pour retrouver des survivants du violent séisme et de ses répliques qui ont ravagé la région hier lundi à l'aube. Selon le dernier bilan officiel, plus de 5000 personnes y ont trouvé la mort. Afin de prendre le pouls de la situation humanitaire sur place, le président de Médecins du Monde Turquie, Hakan Bilgin, était au micro de La Première ce matin.

Interrogé sur la situation dans la région d’Adana, également touchée, où il se trouve, Hakan Bilgin s’est voulu rassurant : "Sur Adana, c’est beaucoup plus facile à gérer parce qu’il y a beaucoup plus de moyens, mais aussi parce que l’ampleur du tremblement de terre a été moins importante. Donc, sur Adana, la situation est plutôt bien contrôlée. Le vrai problème se situe à Antakya. Nous sommes à deux heures de route d’Antakya et nous, Médecins du Monde, avons nos équipes qui sont présentes à Antakya. Nous sommes présents dans la ville depuis plus de 10 ans avec le début de la crise en Syrie, donc nos équipes travaillent depuis hier avec les autres ONG qui sont présentes, mais aussi avec les institutions turques qui ont mené les premières interventions sur place."

L’occasion également de rappeler les priorités dans ce type de catastrophe : "Effectivement, la priorité numéro un, c’est vraiment de pouvoir sauver les personnes qui sont encore sous les décombres. Mais il y a aussi les répétitions, parce qu’on parle toujours du premier séisme qui était de 7,8 ou de 8 sur l’échelle de Richter, mais il y a eu ensuite des secousses de 7,4, de 6,5, de 5, et donc ça rend vraiment très difficiles l’intervention et le sauvetage sous les débris des possibles survivants. Et il y a bien sûr le temps aussi. Il fait vraiment très froid, il neige, il pleut, ce sont des conditions très difficiles, non seulement pour les secouristes, mais aussi ça baisse bien évidemment les chances de survie des personnes qui sont coincées sous les débris."

D’autant que le bilan s’alourdit au fil des heures, "C’est ce que nous craignons tous parce que le premier tremblement de terre a eu lieu à 4h18 du matin, donc les gens étaient chez eux, 95% des gens étaient probablement chez eux, à la maison, et ceux qui ont pu sortir sont sortis en pyjama, sans rien. Donc oui, nous craignons le pire. Et encore une fois, le premier choc est une chose, certains bâtiments se sont écroulés, mais les chocs qui ont suivi vont probablement aussi alourdir le nombre de morts parce que d’autres bâtiments vont continuer à s’écrouler si ça continue comme ça".

Quelle est la particularité de la région frappée par le séisme ? Le fait que ce soit à la frontière avec la Syrie, un pays marqué par la guerre, est-ce que ça complique aussi la situation ? Sur ce sujet aussi, Hakan Bilgin est clair : "Antakya n’était pas du tout une zone de conflits. J’y vais depuis plus de 10 ans, au début de la crise syrienne. Bien au contraire, c’est justement une ville qui a accueilli plus de 500.000 réfugiés syriens. Au début, il y a de ça 10 ans, quand je suis arrivé, c’était une ville de 100.000 habitants qui s’est transformée en une ville de 500.000 habitants en très peu de temps. Il y a donc eu énormément de constructions. C’est une ville qui est un mélange de ville historique et moderne. Je pense que c’est le fait d’avoir grandi aussi rapidement avec l’absorption des réfugiés syriens que la ville s’est étendue et que de nouveaux bâtiments plus hauts, avec plus d’étages, se sont construits. Et aujourd’hui, les conséquences avec un tremblement de terre de magnitude 8, c’est ce que nous vivons. Je pense que s’il faut comparer, ce serait avec le tremblement de terre de 1999 à Istanbul. Personne n’était prêt à quelque chose de cette ampleur".

À l’heure où tous les pays annoncent ou proposent leur aide, quels sont les besoins de la Turquie dans l’immédiat ?

"Je pense que les institutions turques sont très bien formées. Ils sont habitués à ce genre de crise. Nous avons eu deux tremblements de terre en 2021 à Izmir et à Erzurum, donc là, le plus difficile pour l’instant est la logistique et l’accès parce que l’aéroport d’Antakya a été touché aussi, les routes sont endommagées et les connexions d’électricité et de gaz sont également endommagées. Donc aujourd’hui, c’est vraiment une course contre la montre au niveau logistique pour pouvoir remettre les services fonctionnels et arriver sur place avec de la nourriture, des vêtements, des médicaments et aussi des professionnels de la santé pour pouvoir prendre en charge les gens.

Une situation rendue encore plus compliquée par le froid et les difficultés de connexion inhérentes à ce type de catastrophe.

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