Sécurité : le désœuvrement du système belge

Philippe Walkowiak

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Par Philippe Walkowiak

 

Le président du Comité R a été tenu de s’expliquer deux fois en quelques semaines devant les députés pour des déclarations mettant en cause de services cruciaux au fonctionnement de l’état de droit. Serge Lipczyc confirme que l’armée recèle en son sein d’extrémistes de droite, potentiellement dangereux et que ceux-ci ont pu faire l’objet d’une certaine complaisance.

Malaise partout

L’affaire Conings a secoué l’armée comme le SGRS, le service de renseignement militaire. Les enquêtes se poursuivent et dépassent même le strict cadre de la cavale d’un militaire extrémiste, pour s’inquiéter de la présence d’extrémistes au sein de la Défense, comme l’indiquent les perquisitions menées dans des casernes et au domicile de militaires.

Les premiers rapports évoquent des dysfonctionnements, invoquent le manque de moyens. Comme un air de déjà entendu. Comme l’illustre l’actualité du jour : grève des gardiens de prisons, grève des policiers. Tous se plaignent de moyens et des promesses d’investissements, d’engagements et de revalorisation salariale non-tenues. Les prisons comme les palais de justice se délabrent depuis des décennies. La lutte contre la fraude fiscale manque cruellement de moyens et de personnel. Et cette fois, pas question d’invoquer les méfaits du fédéralisme, comme lors de la gestion de la crise sanitaire ou climatique : depuis 1831, il n’y a qu’un seul ministre de la Défense, de l’Intérieur, des Finances ou de la Justice (même si la sixième réforme de l’état a commencé à y rogner certaines prérogatives).

Faille de la gouvernance

Comme l’affaire Dutroux avait mis au jour les failles d’un système police-justice, le constat reste toujours inquiétant, 25 ans plus tard lorsqu’il s’agit de se pencher sur ces institutions au cœur du fonctionnement de l’état.

Le pouvoir fédéral a trop longtemps négligé ses organes essentiels au bon fonctionnement de l’état, se reposant sur la bonne volonté des uns et autres, obligés de parer au plus pressé. Mais cette bonne volonté ne suffit plus et ne peut servir de seul paravent.

La crise sanitaire a montré combien il était essentiel de réinvestir dans des services publics performants. Comme avant cela, les attentats et récemment donc, les inondations ou l’affaire Conings. Derrière les dysfonctionnements établis par moult rapports ou commissions d’enquête, se retrouvent immanquablement un défaut de gouvernance, un manque d’état. La faillite d’une certaine gestion politique à la petite semaine, sans perspective au-delà d’une législature. La sortie du nucléaire en constitue le prochain exemple.

Pendant trop longtemps, les partis politiques affairés à dégraisser l’état central, ont négligé de lui accorder les moyens indispensables à son bon fonctionnement, peut-être même à dessein pour certains.

@PhWalkowiak

L'invité de Matin Première du 09/11/2021:

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