C’est le cœur lourd que Johan Balland entame une nouvelle campagne d’arrachage de ses betteraves. L’agriculteur parcourt ses 7 hectares de terrain et il regarde ses plantes d’un air désespéré. Il faut dire que la météo de ces dernières semaines n’arrange pas les affaires des agriculteurs betteraviers. Après son grand-père et son père, Johan incarne la troisième génération de betteraviers de sa famille, mais il hésite à rompre la tradition familiale, car depuis la fin des quotas sucriers européens en 2017, ses betteraves ne lui rapportent presque plus rien, ou juste assez pour être rentable. "Avec l’arrêt des quotas, le prix a diminué. Couplée à cette diminution de prix, l’industrie sucrière nous étrangle en mettant des normes plus élevées sur les teneurs et les richesses des betteraves que l’on livre. L’industrie noie également une baisse de prix en nous demandant de livrer à 17 ou 18% de richesses en sucre au lieu des 16% pratiqué historiquement. Nos rendements plafonnent aussi à cause des changements climatiques. Tous ces éléments font que j’arrive à être tout juste au prix de revient voire en dessous du prix de revient", explique-t-il.
La fin des quotas sucriers est intervenue le premier octobre 2017, à cela s’en sont suivies une libéralisation du marché et une surproduction mondiale du sucre. Ces éléments ont fait s’effondrer les cours et déstabilisé la filière betteravière européenne. Ce sont donc des raisons économiques qui poussent les agriculteurs à arrêter leur activité, car les conditions de travail ne seraient pas plus difficiles qu’avant. "C’est même plus facile qu’il y a 20 ans, mais l’industrie nous impose ses variétés et les périodes d’arrachage qui vont parfois jusqu’en hiver. L’industrie nous impose aussi son prix. […] Avant, en arrondissant, on était à 55 euros la tonne, puis on est descendu à 45, mais nos rendements compensaient cette baisse de prix. À l’heure actuelle, on est à 25 euros la tonne… Et les critères d’évaluation de teneurs en sucre ont changé. Avant, on évaluait à 55 euros la tonne des betteraves à 16% de sucres. Aujourd’hui, on les évalue à 18% de sucre… À 25 euros la tonne environ. Je vous laisse imaginer les pertes", poursuit l’agriculteur brugelettois.