Séisme en Turquie et en Syrie

Sébastien Dechamps, coordinateur chez Caritas International : "La récolte de fonds reste le moyen le plus efficace d'aider les populations sinistrées"

L'invité de Matin Première : Sebastien Dechamps

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Par V. de Thier sur base d'une interview de T. Gadisseux

L'aide afflue du monde entier suite au séisme qui a touché la Turquie et la Syrie et causé la mort d'au moins 8.300 personnes, selon un dernier bilan provisoire. Mais cette solidarité nécessité une importante organisation logistique afin de se révéler réellement efficace. Sébastien Dechamps est coordinateur humanitaire de Caritas International. Cette ONG est active depuis plus de 10 ans dans la région, notamment à cause de la guerre en Syrie et la question des réfugiés. 

"Le fait d'être déjà sur place nous permet d'être immédiatement actifs dans cette région, à l'exception de zones réellement trop dangereuses dans le nord-ouest de la Syrie", explique-t-il. Mais cette présence implique également des difficultés. "Les équipes sont non seulement actrices, mais aussi victimes. Un bureau de Caritas International a été détruit à Iskenderun en Turquie. Les équipes elles-mêmes doivent se compter et vérifier que tout le monde va bien. Parmi les collaborateurs, certains ont aussi perdu leur logement. Les conditions de travail sont donc évidemment difficiles.

Le nord de la Syrie, un territoire complexe

Au-delà de ces difficultés s'ajoute la complexité géopolitique de la zone touchée, particulièrement dans le nord de la Syrie. "Il s'agit d'une région dans laquelle la guerre n'est pas encore finie. Le territoire est donc divisé en plusieurs zones : certaines qui sont sous contrôle du gouvernement syrien, d'autres qui sont sous contrôle de milices résistantes, d'autres encore de milices kurdes. L'accès à l'aide va devoir se négocier avec chacun de ces acteurs et ce sera très difficile", prévoit le coordinateur humanitaire.  

Cette crise vient se poser sur un contexte qui était déjà dramatique.

Avec ce séisme, c'est une nouvelle crise qui s'ajoute aux autres dans cette région. "Nous avions tendance à oublier que la guerre de Syrie n'est toujours pas finie. Les destructions ont déjà été massives. La ville d'Alep notamment est loin d'avoir été reconstruite. Cette crise vient se poser sur un contexte qui était déjà dramatique, quand on sait que 90% de la population syrienne se trouve sous le seuil de pauvreté. L'Etat, les infrastructures, les organisations sont déjà dévastés par les douze années de guerre."

Le logement, besoin prioritaire

Dès l'annonce du séisme et des premières victimes, la solidarité s'est rapidement manifestée en Belgique. Des collectes spontanées de matériel et de vêtements à destination des pays sinistrés ont fleuri à travers le pays. "C'est une générosité remarquable, et il ne faut pas décourager cela", estime Sébastien Dechamps. "Il faut simplement savoir que ce ne sera pas suffisant, que cela va prendre du temps et que ce n'est pas la manière la plus efficace." 

En effet, les marchés sont fonctionnels en Syrie et en Turquie. L'essentiel du matériel dont les gens vont avoir besoin se trouve donc déjà sur place. Le but pour les organisations est de récolter un maximum de fonds à envoyer à leurs partenaires locaux qui vont y faire les achats. Cela va plus vite, c'est plus efficace et c'est moins cher, selon le travail humanitaire.  

Actuellement, les besoins sont principalement les abris - étant donné que les habitants ont maintenant peur de rentrer chez eux à cause du risque de nouvelles secousses et qu'il fait très froid actuellement dans la région - puis des besoins d'eau, de nourriture, de vêtements chauds et de soins. "Dans la première urgence, on parle de sauver des vies et d'assurer la survie", résume Sébastien Dechamps. 

>> Si vous désirez aider les populations sinistrées par le séisme en Turquie et en Syrie : 1212.be

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