Belgique

Scolarisation des enfants ukrainiens : "un défi pédagogique important" affirme Caroline Désir

L'invitée de Matin Première: Caroline Désir

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Par Estelle De Houck sur base de l'Invité de Matin Première de Thomas Gadisseux

Après deux semaines de vacances de printemps, les enfants reprennent le chemin de l’école. Et parmi eux, un certain nombre de jeunes Ukrainiens. Près de 14.500 enfants en âge de scolarité se trouvent actuellement en Belgique. Après la phase d’accueil et l’installation en urgence viendra probablement celle des inscriptions. Alors comment cela s’organise-t-il ?

Cette reprise sera donc synonyme d’accueil pour les enfants ukrainiens. "Cet accueil a d’ailleurs déjà commencé puisqu’on a désormais quasiment 1300 élèves inscrits dans les écoles de la Fédération Wallonie-Bruxelles avant les vacances de Pâques", explique la ministre de l’Éducation, Caroline Désir.

Les autorités s’attendent à ce que ce nombre progresse, même s’il est difficile de savoir dans quelle proportion.

Pour l’instant, ces enfants sont principalement accueillis dans l’enseignement fondamental. "Soit dans des classes ordinaires – quand ils sont peu nombreux – ou alors, l’école peut ouvrir ce qu’on appelle un DASPA (Dispositif d’accueil et de scolarisation pour les élèves primo-arrivants), dès qu’ils sont huit élèves dans une école."

Il faut se rendre compte que ces enfants ne parlent ni le français, ni l’anglais. Ils ont un autre alphabet… il y a donc des défis pédagogiques importants

Avec ce dispositif, les enfants bénéficient d’un enseignant supplémentaire pour un apprentissage renforcé du français. De quoi leur permettre de mieux s’intégrer au sein de l’école. "Il faut se rendre compte que ces enfants ne parlent ni le français, ni l’anglais. Ils ont un autre alphabet… il y a donc des défis pédagogiques importants."

Assez de place dans les écoles ?

Sur base de la situation d’avant les vacances de printemps, la ministre constate déjà une concentration importante à Bruxelles. "Parmi ces 1300 élèves, il y en a environ 500 qui sont accueillis dans les écoles bruxelloises." Ailleurs, sur le territoire de la Fédération-Wallonie-Bruxelles, les enfants sont mieux répartis.

"On ne gère pas la répartition de l’accueil, parce que 80% des réfugiés ukrainiens aujourd’hui sont accueillis dans des familles. C’est donc le logement qui va déterminer où ils vont aller à l’école", justifie la ministre.

Une partie des familles poursuit via de l’enseignement à distance, au travers de plateformes organisées par l’Ukraine.

Pour autant, tous les enfants ukrainiens présents en Belgique ne sont pas inscrits dans une école belge. "Une partie des familles poursuit via de l’enseignement à distance, au travers de plateformes organisées par l’Ukraine." Ceci explique sans doute pourquoi sur plus de 10.000 enfants ukrainiens en Belgique, seuls 1300 sont inscrits dans une école.

"C’est donc difficile pour nous d’anticiper la situation dans les prochains jours en termes d’inscriptions et c’est pour cela que c’est important d’avoir un monitoring très serré avec les acteurs de terrain", ajoute la ministre. 

Vu l’incertitude du conflit, les réfugiés ne savent pas s’ils vont s’installer durablement dans le pays ou non. Mais, comme le secteur de l’enseignement en Belgique est en pénurie, pourrait-on intégrer ces réfugiés ukrainiens dans le monde de l’école ?

"1300 enfants à accueillir sur 900.000 élèves… la proportion n’est pas si importante", relativise la ministre.

Mais si le nombre d’enfants venait à augmenter, les autorités ont mis en place un groupe de travail avec les services de l’administration et les acteurs institutionnels de l’enseignement, "pour étudier toutes les possibilités pour faire face à cette pénurie, y compris peut-être en engageant des enseignants qui viennent d’Ukraine."

La clémence est-elle toujours de mise ?

Concernant les enfants belges, la clémence prononcée l’an dernier sera-t-elle toujours de mise ? Après ces années chahutées par le Covid-19, doit-on dire au revoir à la bienveillance lors des examens ? "Certainement pas", rétorque la ministre. "Heureusement la bienveillance existait avant le Covid et continuera d’exister après."

Malgré la normalisation de la situation épidémiologique, l’année scolaire est loin d’avoir été normale. Les écoles ont été impactées par la vague Delta, puis par Omicron. "Il y a des élèves qui ont beaucoup souffert de ces trois années scolaires perturbées par la crise sanitaire et donc il y a encore des retards d’apprentissage importants."

"On a donc prolongé les essentiels, on les a même revus. On a créé les épreuves certificatives externes sur base de ces essentiels. Cela ne veut pas dire que l’on nivelle par le bas, mais que si certains points de matière n’ont pas pu être vus, les enseignants et les élèves savent sur quoi se concentrer."

"Mais il est vrai que nous sommes dans une situation de plus en plus normale et donc l’organisation des épreuves externes aura lieu et les examens reprendront sans doute selon les écoles", conclut la ministre.

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