Pourquoi celle-là accumule les objets sans but et sans raison ? Pourquoi un tel a peur de la foule ? Pourquoi une telle est dépendante aux jeux ? Sans parler de tous les gens malheureux. Simplement malheureux. Sans raisons objectives de l’être. On en rencontre dans le sport. La preuve avec deux histoires qui ont récemment défrayé la chronique : celle de l’Américaine Simone Biles et de la Japonaise Naomi Osaka.
Toutes les deux comptaient parmi les stars de leur sport respectif, la gymnastique et le tennis. Puis elles ont craqué sous la pression. Aux Jeux de Tokyo la première a déclaré forfait après avoir souffert de "twisties". Tout à coup, la gymnaste ne sait plus rien faire. "Elle a perdu ses figures" dit-on aussi dans le jargon. Pour Osaka, c’est plus mystérieux encore.
Elle ne supportait plus de passer en conférences de presse après les matches. A chaque fois, elle éprouvait l’impression d’être jugée comme une criminelle. Il faut dire que son statut est difficile à assumer. Née de mère japonaise et de père haïtien, elle a grandi aux Etats-Unis dès l’âge de 3 ans, à la fois américaine et japonaise. Puis elle a dû choisir car la loi japonaise refuse la double nationalité pour les adultes.
Ce fut le Japon où elle est considérée comme une immense star. Seulement, elle parle mal le japonais et connaît mal la culture de ce pays. Elle souffre d’une forme de culpabilité commune à beaucoup de familles exilées, celle de s’être coupé de ses racines. C’est le syndrome de l’imposteur.