CQFD, Ce Qui Fait Débat, en mode grand entretien: 25 minutes quotidiennes avec un spécialiste, pour vous aider à mieux comprendre/vivre la crise du coronavirus, mais aussi pour vous permettre de poser toutes vos questions (via l'adresse mail cqfdrtbf@rtbf.be). Notre invité, ce mardi: Pierre Larrouturou, député européen social-démocrate et économiste.
Une énorme étincelle sur un baril de poudre
Sans réponse commune et forte pour faire face à l’impact économique de la crise du coronavirus, le sommet européen "virtuel" de jeudi dernier a surtout laissé réapparaître les profondes divergences existant entre Etats membres. Sans avancée concrète, les 27 ont chargé l'Eurogroupe de trouver une réponse aux demandes d'aide, d'ici deux semaines. Ce weekend, l'ancien président de la Commission européenne, Jacques Delors qui, à 94 ans ne s'exprime que très rarement, déclarait ceci à l'AFP: "Le climat qui semble régner entre les chefs d'État et de gouvernement et le manque de solidarité européenne fait courir un danger mortel à l’Union européenne".
Pierre Larrouturou ne dit pas autre chose. "Je pense qu'on va vers une crise catastrophique, si on ne réagit pas [...] On a rien réglé en 2008, on n'a pas changé de système, on a juste mis des rustines. On voyait déjà venir, il y a un an, une crise économique et financière plus grave qu'en 2008. Mais on n'avait pas vu venir ce virus, une énorme étincelle sur un baril de poudre [...] D'un point de vue sanitaire, nos dirigeants n'ont pas non plus été capables d'écouter les scientifiques qui criaient gare, malgré Ebola, malgré le SRAS".
Il y a des images qui marquent: des équipes médicales venues de Chine et même de Cuba, pour prêter main forte à l'Italie, dont le bilan a désormais passé les 12 000 décès. Pourquoi l'Italie n'a-t-elle pas pu compter sur l'Europe? "Ça a été le chacun pour soi et la panique, nous n'avons pas vu venir", concède l'eurodéputé qui ajoute que d'un point de vue économique, la situation peut tenir quelques semaines dans l'urgence mais qu'on arrivera très vite au bout des réponses nationales.