L’émotion a fait place à la raison. La période du deuil est passée. Chacun essuie ses larmes. Même si l’annonce était tant attendue que redoutée, le forfait de Rafaël Nadal a saisi la majorité de la planète tennis. Peut-être plus parce qu’inconsciemment chacun a fait le raccourci entre l’absence de la quinzaine et le vide définitif dans lequel l’Espagnol va nous plonger. Sur ses terres, à Manacor, Nadal a fixé lui-même la date de fin théorique. Automne 2024 parce que "sa carrière mérite une autre fin qu’une conférence de presse". Ce sur quoi chacun s’accorde, reste à savoir si son corps l’entend de cette oreille.
La seule motivation qui pouvait réellement habiter l’Espagnol cette année c’était ce 23e titre en Grand Chelem pour écrire encore un peu plus l’histoire du tennis car l’histoire du tournoi est déjà la sienne. Quatorze ou quinze, ça ne changera rien dans les livres d’histoire tant la probabilité que son record tombe est infime. Rafaël Nadal est désormais lié à l’histoire de Roland Garros. Un mariage indestructible pour l’éternité.
Jamais en 17 années (en 2005, année du premier titre, Rafaël Nadal n’était pas encore le maître des lieux) la course au sacre sur le Chatrier n’aura été aussi indécise.
Finalement, l’absence de l’ogre espagnol est peut-être une bonne chose pour l’amateur de tennis. Le scénario n’est pas écrit à l’avance et les prétendants à la couronne sont réellement plus que deux cette année. Un sentiment partagé par Philippe Dehaes.
" Ce n’est pas le joueur qui fait le tournoi. Roland Garros c’est le plus grand tournoi sur terre battue au monde. Ce serait manquer de respect à l’institution et aux autres joueurs de dire que Roland Garros aurait moins de saveur sans Nadal. La nouvelle génération est là et elle est incroyable. Je pense que cette édition sera même plus excitante à suivre ".