CQFD, Ce Qui Fait Débat, en mode grand entretien : 25 minutes quotidiennes avec un spécialiste, pour vous aider à mieux comprendre/vivre la crise du coronavirus, mais aussi pour vous permettre de poser VOS questions (via l’adresse mail cqfdrtbf@rtbf.be). Notre invité, ce jeudi: Emmanuelle Zech, professeure à l’UCLouvain spécialisée dans la psychologie du deuil.
Les rites pour réguler émotions et comportements
Perdre un proche durant cette épidémie est une épreuve d'autant plus difficile qu'elle se vit seul. Suite aux directives visant à limiter la propagation du coronavirus, les cérémonies sont expéditives, elles se font en petit comité. Et quand on peut y participer, il faut maintenir ses distances: pas question d’accolades, ni même de poser sa main sur le cercueil du défunt… Notre rapport à la mort et au deuil est ébranlé, avec toute une série de rites associés qui ne peuvent avoir lieu. Une caractéristique pourtant fondamentale de toutes les sociétés humaines.
"Le deuil est un ensemble de réactions qui suivent la perte significative de quelqu'un, signifiant qu'on y était attaché", explique Emmanuelle Zech, "l'attachement est quelque chose de fondamentalement humain et les rites associés au deuil sont tout à fait spécifiques à l'homme". "Ce sont des rites associés à une structuration sociale permettant de montrer à quel point un être humain est important dans notre société, notre communauté", poursuit la professeure à l’UCLouvain, "ça permet de réguler les émotions et les comportements, quand on est en grande souffrance".
Les réactions de deuils vont être intensifiées par l'absence de rites