Un projet de longue date pour une comédienne à l’aise dans tous les registres (Césarisée en juge d’instruction psychorigide dans la comédie d’Albert Dupontel "9 mois ferme" en 1994), qui attendait de "trouver le bon angle" pour aborder "une question qui (la) hante", celle de l’antisémitisme".
Le film est un touchant portrait d’adolescente au bord du précipice, celui d’Irène (interprétée par la benjamine de la Comédie-Française, Rebecca Marder), qui ne vit que pour le théâtre, passe les auditions et découvre l’amour dans une certaine insouciance.
Mais la jeune Française juive ne peut ignorer l’orage qui s’annonce : l’étau de la collaboration et de l’antisémitisme se resserre dans le Paris de mai 1942, où les Juifs doivent désormais porter l’étoile jaune.
"On suit le quotidien d’une jeune fille ultra-vivante qui ne peut pas soupçonner de quoi le lendemain sera fait", souligne la réalisatrice dans un entretien avec l’AFP. "Nous, on a de l’avance sur elle, on sait ce qui va se passer, donc bien sûr on a peur", et le film, qui évite tout pathos, "est comme une interaction entre elle et nous".
Petite-fille de quatre grands-parents juifs polonais, arrivés en France en 1933, et rescapés de la Shoah, fille d’un expert-comptable qui a rencontré sa femme dans un atelier de théâtre, Sandrine Kiberlain explique avoir mis énormément d’elle-même dans le projet.
"Je voulais traiter cette époque, du pourquoi et du comment de l’antisémitisme, mais ne surtout pas refaire ce qui a déjà été fait. Traiter non pas le drame, mais la joie", d’avant la catastrophe : "raconter le meilleur, pour qu’on ait peur du pire".