Mode

Salon de la Lingerie : "Les femmes se réapproprient les codes du sexy"

Véritable phénomène, les culottes menstruelles, comme celles proposées par Sisters Republic, seront au centre du Salon International de la Lingerie, au même titre que la lingerie sexy et écoresponsable.

© SISTERS REPUBLIC

Par RTBF avec AFP

Cécile Vivier, directrice marketing du Salon International de la Lingerie (Paris), revient sur les conséquences de la pandémie en matière de swimwear et de lingerie, et décrypte les tendances qui envahiront prochainement vos armoires.

  • Selon de nombreuses études, la pandémie aurait été fatale pour le soutien-gorge, qu’en est-il en réalité ?

Il y avait déjà un important phénomène de 'no bra' avant le premier confinement, et on parlait déjà beaucoup de confort, de pièces faciles à porter, de taille unique, en lingerie comme en maillot de bain. La libération du corps de la femme, et le body positive, ne datent pas forcément de la pandémie, même si celle-ci a amplifié le phénomène. Il y a de fait eu un impact sur la consommation de soutiens-gorge. Le tout a été porté par un néo-féminisme très présent en lingerie, qui se traduit aujourd’hui par une allure et une silhouette sexy, mais toujours dans un esprit d’émancipation. Les femmes veulent jouir de leur corps sous toutes les coutures, car celui-ci redevient un moyen d’expression. La lingerie va se faire elle aussi très sexy, avec le retour du string et des formes échancrées.

  • Doit-on s’attendre à la fin du 'tout confort' ?

Pas forcément, car les femmes ont aujourd’hui gagné ce confort, elles l’ont acquis. Mais la sexualité des femmes a été désacralisée, elle n’est plus tabou. Elles s’en sont d’une certaine façon libérées. On le voit sur les réseaux sociaux, on ne compte plus le nombre de comptes qui abordent des sujets comme la masturbation, le plaisir féminin, et les règles, car il est désormais normal d’en parler. Et cela se traduit par un retour du sexy et d’une volonté de séduire. On peut aussi parler du retour de la sexualité débridée des années 2000, si ce n’est qu’à l’époque ces codes renvoyaient à l’archétype de la femme-objet, entièrement dédiée au plaisir masculin. Vingt ans plus tard, cela n’a plus le même sens. Les femmes se réapproprient les codes du sexy, mais pour elles uniquement.

  • Les culottes et maillots de bain menstruels cartonnent, mais ils sont toujours le fait de marques spécialisées. Est-ce que les griffes grand public entendent démocratiser ces pièces de lingerie ?

Ce phénomène est effectivement arrivé par la jeune création, mais il est progressivement repris par de grandes marques de lingerie et de swimwear. […] C’est un phénomène qui prend de l’ampleur, et les grandes marques de lingerie, comme Chantelle et Simone Pérèle, se sont déjà lancées sur ce créneau, même si elles n’en ont pas fait un objet de communication. Mais la jeune création continue effectivement de porter cette tendance, et va même sur d’autres créneaux, comme l’incontinence. Ces jeunes marques sont en train d’élargir leur spectre autour du bien-être, et souhaitent accompagner l’évolution du corps de la femme à tous les âges.

  • Peut-on parler aujourd’hui d’une lingerie sans tabou ?

Oui, effectivement. C’est une lingerie sans tabou, pour tout le monde, en toute liberté, quand on veut, et où on veut !

  • Quelles sont les dernières innovations en matière d’éco-responsabilité ?

L’éco-responsabilité n’est plus un sujet, c’est un prérequis pour les consommateurs. Les matières écoresponsables, recyclées, ou biodégradables, mais aussi toutes les questions autour de la traçabilité, de la transparence, et des emballages, sont primordiales, et les acteurs du secteur de la lingerie en ont conscience. Il y a des tonnes d’innovations autour de la dentelle, des cotons, des accessoires, etc. On sait malgré tout qu’il y a encore beaucoup de progrès à faire dans l’industrie textile, notamment sur les teintures, mais l’éco-responsabilité fait aujourd’hui partie intégrante du Salon de la Lingerie, comme des préoccupations des marques.

  • La lingerie est la seule catégorie de vêtements qui ne peut être revendue en seconde main, ou faire l’objet de dons. Quelles sont les solutions pour limiter les déchets ?

La seconde main est un véritable sujet en lingerie et en maillot de bain. Il y a de plus en plus d’initiatives qui consistent à reprendre les maillots de bain et à les customiser pour en faire de nouvelles pièces. En lingerie, les marques commencent aussi à réparer les produits. On fait du neuf dans du vieux, et ça pourrait être une solution de seconde main. Par exemple, la marque Ysé récupère les maillots de bain, les fait broder, les fait laver, et les revend, preuve que c’est possible.

  • Finalement les tendances de demain sont synonymes de liberté, de sensualité, de fonctionnalité, et de durabilité. Peut-on réellement aujourd’hui faire rimer sexy, culottes menstruelles, et éco-responsabilité ?

On peut faire rimer culottes menstruelles et éco-responsabilité, mais aussi sexy et éco-responsabilité… C’est peut-être un peu plus difficile pour culottes menstruelles et sexy. Mais les marques commencent à proposer des choses différentes avec des imprimés, des formes, des shortys… Pour faire rimer les trois ensembles, je pense que les marques vont créer, et faire preuve d’imagination. Ce n’est sans doute qu’une question de temps.

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