Il y a une volonté d’humanisation qui est très claire autour de Salah Abdeslam dans sa défense, dans la communication, dans l’image qu’il veut donner. C’est notamment pour cela que, délibérément, ses avocats se sont sans cesse adressé à lui en l’appelant par son prénom, ce qui n’est pas l’usage ou qu’ils ont justifié ses contradictions en expliquant que c’était le propre de tout être humain...
On lui a demandé ce qu’il ferait s’il était en liberté, il a répondu qu’il irait vivre là où s’appliquait la " charia " pour vivre sa foi. Il veut se montrer, peut-être comme ce que d’autres appellent un radical islamiste, mais pas comme un radical violent. Et ce faisant, il plaide indirectement sa "non-dangerosité" vraisemblablement pour minorer sa peine et se laisser un espoir de sortie de prison à pas trop longue échéance. Observons que quelque part ce type de discours rencontre les objectifs des politiques criminelles. Nous sommes sur ce point dans des objectifs de prises en charge judiciaires des terroristes et des radicaux qui, précisons-le, ne visent pas à leur faire abandonner leurs idées mais bien leurs velléités de passage à l’acte violent, un état que Salah Abdelslam revendique aujourd’hui.
Il subsiste néanmoins de grosses ambivalences dans ses discours (qui ne sont pas forcément ses pensées). La plus grande est certainement constituée par le fait que son impossibilité morale de tuer ces " gens qui parlaient et dansaient " dans le bar qui aurait été sa cible ne l’a incité ni à tenter d’arrêter les terroristes du 13/11/2015, ni à dénoncer ceux qui frapperont finalement le 22/3/2016 à Bruxelles, ni à collaborer avec la justice au cours de toutes ces années d’enquête…