Tu t’apprêtes à sortir un nouvel EP où l’on ressent tes diverses influences, restant dans une mouvance groove et électro-pop. Quel a été le processus de création de celui-ci ?
Je n’avais rien en tête à l’époque, puis on a tous été frappés par le confinement. J’ai dû me retrouver dans ma chambre d’adolescent, chez ma mère, avec quelques synthés et mon ordinateur. Sachant que le monde s’était totalement arrêté, je me suis senti libre de tout expérimenter et de le partager aux gens qui me suivent sur les réseaux. À chaque fois que je finissais une démo, pas mixée, je l’appelais “Unmixed”, puis je la balançais sur Instagram pour m’en délivrer. J’ai fait une dizaine de chansons comme ça pendant le confinement. Moi qui suis très timide, je me suis mis à contacter des amis qui m’ont tous répondu. Je suis d’habitude quelqu’un de très solitaire dans la composition et là, je me suis ouvert. J’ai demandé à mon ami Voyou, à David Numwami, à Clara Nowhere (Agar Agar), à Joseph Schiano Di Lombo… Tout le monde a répondu à l’appel. À la fin du confinement, je ne savais pas trop quoi faire de ces chansons. Mon label m’a dit de les mixer un peu pour les polir, puis de les sortir sous le nom Unmixtape.
C’est parce que c’étaient des personnes qui t’inspiraient à ce moment-là que tu leur as envoyé un message ?
Oui, et surtout des personnes qui étaient proches de moi, avec qui je parlais. Des amis avec qui j’ai vécu des choses, avec qui j’avais fait de la musique… J’ai très peur de la réaction des autres, du “non”, des râteaux en fait, mais vu que tout le monde était confiné à ce moment-là, il n’y avait pas d’excuses. Tu pouvais contacter n’importe qui, tu savais qu’il était obligé de te répondre car il était forcément chez lui. Donc soit il te disait non et tu comprenais qu’il ne voulait vraiment pas, soit il te disait oui et ça embrayait sur quelque chose.
Dimanche, tu partages ta date aux Nuits Botanique avec David Numwami, que tu connais très bien car vous étiez tous les deux musiciens sur la tournée de Charlotte Gainsbourg. Vous venez de sortir un son ensemble, comment ça s’est mis en place ?
J’avais un bout de chanson et je l’ai appelé un jour. Je n’ai même pas eu le temps de lui demander s’il était chaud qu’il l’était déjà. Je lui ai envoyé une démo, le lendemain il me renvoyait sa guitare et ses voix et le surlendemain je mettais la chanson en ligne. Tout s’est fait de manière tellement fluide pour cet EP, ça a été extrêmement rapide. Après, j’ai quand même pas mal retravaillé la chanson pour la mettre dans le vinyle et dans le CD. Une chanson qui s’est faite très vite aussi, ce qui est extraordinaire parce que c’est la chanson la plus streamée, c’est No Love. J’ai demandé à Joseph de m’envoyer des boucles de piano. En une heure, j’avais fini le squelette de la chanson. Je l’ai envoyée à Clara qui m’a envoyé ses voix et le soir-même on avait la chanson. C’était formidable de travailler comme ça. Ça m’a tellement donné envie de travailler avec les autres et de ne plus trop retoucher l’émotion brute que tu peux avoir au début et que tu perds souvent au fur et à mesure des enregistrements. Damso, ça a été pareil. Pour une chanson comme 911, je suis arrivé à 17h en studio et à 21h elle était faite. Et j’ai appris par la suite qu’elle n’avait même pas été remixée pour l’album. Tu peux l’écouter sur le CD comme on l’a jouée, c’est de l’émotion brute figée dans le temps. Ce que j’ai voulu faire avec Unmixtape.
Tu t’occupais des séquences rythmiques pour la dernière tournée mondiale de Charlotte Gainsbourg, ça t’a appris quoi ?
C’est un ami à moi, Bastien Dorémus, qui a été réalisateur du live de Charlotte et qui a dû bosser en même temps sur le live de Christine and the Queens. Il m’a demandé si j’étais dispo pour le remplacer sur le live de Charlotte Gainsbourg, ce à quoi j’ai évidemment répondu oui. On est donc partis sur la route, ça a été une aventure de deux ans. C’était vraiment deux années avec des potes, qui sont devenus des amis, une colonie de vacances aux quatre coins du monde en gros. Peu de sommeil, peu de repos, mais une expérience unique. C’est un coup de fil qui a changé ma vie.