Les indépendantistes du Polisario au Sahara occidental se sont réunis depuis vendredi dernier en un congrès pour renouveler leur direction, dans un contexte de vives tensions entre leur allié algérien et le Maroc qui contrôle 80% du territoire.
Le congrès, qui doit voir le mouvement élire le chef et les membres de son secrétariat national, doit durer cinq jours, en présence de 2200 délégués et 370 invités étrangers à 175 km au sud de la ville algérienne de Tindouf, dans le camp de réfugiés de Dakhla, qui porte le nom d’une ville côtière du Sahara occidental, un territoire riche en phosphates et aux eaux poissonneuses au cœur d’un conflit vieux de 50 ans.
L’actuel chef du Polisario, Brahim Ghali, 73 ans, qui semble jouir de l’indispensable soutien d’Alger, paraît assuré d’être réélu. "Il s’agit du premier congrès depuis la reprise de la lutte armée" fin 2020, a souligné Mohamed Yeslem Beissat, ambassadeur sahraoui en Afrique du Sud.
Le conflit du Sahara occidental oppose le Maroc au front Polisario soutenu par l’Algérie, depuis le désengagement en 1975 de l’Espagne, l’ancienne puissance coloniale.
Le Polisario réclame un référendum d’autodétermination sous l’égide de l’ONU tandis que Rabat promeut une autonomie sous sa souveraineté.
Un cessez-le-feu en vigueur depuis 1991 avait volé en éclats à la mi-novembre 2020 après le déploiement de troupes marocaines à l’extrême sud du territoire pour déloger des indépendantistes qui bloquaient l’unique route vers la Mauritanie, selon eux illégale car inexistante au moment de l’accord avec Rabat.
Depuis, le Polisario se dit "en état de guerre de légitime défense" et a déclaré "zone de guerre l’ensemble du territoire de la République sahraouie, y compris ses espaces terrestres, maritimes et aériens".
Pour Kader Abderrahim, maître de conférences à Sciences Paris et Auteur de "Géopolitique du Maroc", la situation est celle d’un statu quo : "Le Maroc contrôle et administre presque 80% du territoire, alors que le Polisario, lui en contrôle 20%, le long de la ceinture de sécurité, ce qu’on appelle "le mur de sécurité" qui a été instauré par le Maroc. Et depuis 1991, la mission des Nations Unies qui doit organiser un référendum au Sahara n’y arrive pas, et ne verra probablement jamais le jour. On est dans une situation de blocage, compte tenu de la dégradation des relations entre le Maroc et l’Algérie sur cette question précise du Sahara."