Il devait décoller hier soir, mais une décision de la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH) l’a cloué au sol en dernière minute. C’était le tout premier vol qui devait envoyer des demandeurs d’asile entrés "illégalement" sur le sol britannique au Rwanda, quelle que soit leur nationalité.
Ce projet, annoncé en avril dernier, est pour le moins controversé. Plusieurs recours ont été introduits devant la justice britannique pour tenter d’y mettre fin. Sans succès. Le premier vol devait décoller ce mardi soir, avec, finalement, 7 migrants à bord (une vingtaine d’autres expulsions avaient été annulées).
Mais, donc, coup de théâtre, ce mardi soir, la CEDH, a empêché l’avion de décoller, alors que les passagers étaient déjà à bord. Elle a donné raison à l’un d’entre eux, un Irakien de 54 ans, qui avait introduit un recours lundi : l’homme ne peut pas être expulsé tant que la justice britannique n’a pas examiné la légalité du projet de loi, ce qui est prévu dans le courant du mois de juillet. Il s’agit de s’assurer que les migrants puissent avoir accès à des procédures équitables pour le traitement de leur dossier au Rwanda et que le Rwanda soit considéré comme un pays sûr.
Cela a permis aux six autres demandeurs d’asile d’introduire à leur tour un appel, tous les avis d’expulsion ont été levés.
C’est un camouflet pour le gouvernement britannique, et en particulier pour le Premier ministre Boris Johnson et sa ministre de l’Intérieur Priti Patel. Quelques heures avant, Boris Johnson avait laissé entendre que le Royaume-Uni pourrait se retirer de la Convention européenne des droits de l’Homme.
Les autorités britanniques, comme les rwandaises, ont déclaré qu’elles ne se laisseraient pas décourager, qu’elles mettraient en œuvre leur projet.
Décryptage de cette politique en cinq questions.
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Qui sont les migrants concernés ? Quel sort leur est réservé à Kigali ?
“Toute personne entrant illégalement au Royaume-Uni peut maintenant être relocalisée au Rwanda” a déclaré le Premier ministre britannique Boris Johnson. Il vise les personnes qui traversent la Manche par bateaux pneumatiques ou cachés à bord de camions, à partir de pays tiers sûrs comme la France ou la Belgique. Chaque cas doit en principe être examiné individuellement.
A titre indicatif, en 2021, 75% des personnes arrivées sur des embarcations précaires étaient des hommes âgés entre 18 et 39 ans. 30% étaient iraniennes, 21% irakiennes, 11% érythréennes, et 9% syriennes.
Les demandeurs d’asile sont donc envoyés au Rwanda, qui recevra une première tranche de 12 millions de livres sterling (140 millions d’euros) en échange, et où ils seront hébergés (et nourris), dans des hôtels comme celui montré lors d’une visite officielle sur les photos ci-dessous. Ils seront, selon les autorités rwandaises, libres de sortir et de trouver un emploi. C’est à Kigali que leur demande d’asile sera examinée. S’ils obtiennent une réponse positive, ils pourront rester au Rwanda, non pas revenir au Royaume-Uni.