En mai, la Galerie Petits Papiers
déambule sur les sentiers très citadins de Jean-Claude Götting,
Patrick van Roy, Romain Renard et Isabel kreitz
de Bruxelles à Montréal en passant par Berlin
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ER JUIN > 20 JUIN 2012
C’est sur un double regard posé sur Bruxelles que la Galerie Petits Papiers s’ouvrira ce 31 mai.
En effet, les photographies très architecturées et baignées de lumière de Patrick van Roy
dialogueront avec les dessins intimistes de Jean-Claude Götting. Loin des circuits touristiques,
les deux artistes nous offrent deux points de vue inattendus. Là où le photographe s’attache à la
pureté graphique de la cité, le dessinateur croque avec tendresse en noir et blanc les lieux
d’apparence anodins qui nous sont chers. Romain Renard et Isabel Kreitz, quant à eux, jouent
les guides à Montréal et Berlin. Bon voyage !
Rues pavées laquées par la pluie, architectures
éclectiques, bâtiments et lieux emblématiques, tags sur
murs aveugles, parcs dénudés, ruelles anodines, fritkot,
commerces désuets, passants anonymes, amoureux
enlacés, voyageurs ou bourgeois en promenade chez les
antiquaires, le Bruxelles de Jean-Claude Götting se faufile
dans notre mémoire. Sans fard, c’est bien la ville que
nous vivons les jours d’hiver et de pluie, lorsque le ciel
nous tombe sur la tête. Et pourtant, au premier regard,
c’est aussi la ville que nous aimons avec son charme
humide, ses lieux sans prétention, son éclectisme
sauvage. Les dessins de Jean-Claude Götting sentent
les caricoles, la soupe au céleri et la pils. Ses maisons
semblent hantées de gens normaux pour peu qu’il en
existe. Les quartiers dévoilent les multiples retouches dont
ils ont fait l’objet à croire qu’ici personne ne s’est jamais
soucié d’urbanisme. Quelques rares passants ponctuent
ces décors urbains.
Les ambiances sont servies par la technique personnelle
que Jean-Claude Götting utilise depuis 25 ans pour réaliser
ses dessins en noir et blanc. Après avoir couvert son papier
ou ses toiles d’une trame d’encre acrylique noire au
rouleau, il intervient ensuite avec de l’encre blanche pour
y ajouter la lumière et moduler les gris.
Lorsque Jean-Claude Götting a réalisé son repérage photographique, il y a deux ans pour mener à bien
ce travail de commande, il s’est promené en solitaire sans guide.
Pendant les 4 jours où j’ai marché, il
n’y avait personne dans les rues. Cela m’a marqué par rapport à Paris où l’on trouve rarement des
endroits déserts. Malgré cela Bruxelles est une ville dans laquelle je me sens bien et qui m’est
étrangement familière
. Cela s’est traduit dans mes dessins.
J’ai sélectionné les lieux sans préméditation, au fil de mes déambulations solitaires. Je n’ai pas cherché
les lieux les plus typiques
.
Patrick
van
Roy
–
Gare
du
Nord
110
x
110
cm
Patrick
van
Roy
–
Carrefour
Evere
110
x
110
Une fois photographiés, c’est dans son atelier qu’il les a représentés soit sur toiles en grand format (160
X 114) ou moyen format, soit sur du papier de 20 x 30 centimètres. Ce voyage au coeur de la capitale
européenne sera publié par le 9
ème Monde dans un livre intitulé Bruxelles-Brussel de 48 pages.
Les photographies de
Patrick van Roy, par contre, relèvent de la
composition formelle qu’il réalise dans un décor choisi pour ses
options graphiques. Ne cherchez donc pas à identifier les lieux
photographiés par l’artiste. Ils évoquent des décors urbains communs
à toutes les villes où qu’elles se trouvent : décor de béton, de pierre,
en verre, couvert de mosaïques ou de brique... Qu’elles soient
courbes, horizontales ou verticales, les lignes et les perspectives se
jouent de la lumière afin de donner des couleurs à ces matériaux
froids. Le plus souvent déshumanisés, ces lieux pris en pause longue
avec un 6X6 semblent irréels et
surréalistes. Ils sont juste adoucis
par les couleurs pastels dont
Patrick van Roy les dote grâce à
un savant travail sur la lumière.
Antonio Nardone, de la revue Artenews précise:
C’est au plaisir
esthétique fait d’émotions et d’entendement que Patrick van Roy
nous convie à travers une lecture presque fictionnelle de la ville.
Ses photographies sont propices à transcender les espaces du
quotidien et à faire éclore avec obstination leur potentiel sensible.
Léonard de Vinci disait que la sculpture est déjà dans le bloc de
pierre brute que travaille le sculpteur. Les prises de vues de Patrick
van Roy témoignent qu’il n’y a d’autre réel possible que celui que l’on
va chercher au-delà du visible instantané.
On se souviendra de la première exposition organisée en septembre 2009 par la Galerie Petits
Papiers :
Objectif BD. Les auteurs de Bandes Dessinées s’étaient alors emparés des photographies de
Patrick van Roy pour les rehausser de leur univers. Cette fois, c’est un dialogue entre deux regards que
la Galerie nous propose. Chaque médium y fait vibrer son langage.
MONTREAL VERSUS BERLIN
Au niveau moins un, dans la crypte Romain Renard et Isabel Kreitz exposent
les illustrations qu’ils ont réalisées pour les city guides de voyage à
Montréal et à Berlin publiés conjointement par Lonely Planet et Casterman.
L’objectif de la collection : redécouvrir autrement des métropoles majeures.
Aussi Isabel kreitz s’est emparée de la plus vibrante des capitales
européennes, Berlin. La ville préférée des francophones en Amérique du
nord, Montréal, est pour sa part redécouverte par Romain Renard.
Sans la connaître,
Romain Renard se sentait attiré par cette ville francophone au
milieu d’un continent américain qu’il apprécie. C’est donc un regard neuf et
subjectif qu’il pose avec fraîcheur sur Montréal et ses habitants. Ce sont ces derniers qui le séduisent
en premier :
J’ai tout de suite retrouvé une ambiance similaire à celle de Bruxelles, à la fois simple et
bon enfant. Il y règne une atmosphère à la fois festive et gentille. La musique est aussi très présente
partout et tout le temps. La nature également, c’est formidable d’avoir un " mont " en plein centre ville.
J’ai aimé croquer la vie de quartier et principalement celle du Plateau et du Mile End. On y palpe une
certaine douceur de vivre, les gens y semblent particulièrement sereins
.
C’est ce Montréal là que Romain Renard expose aux cimaises de la Galerie Petits Papiers. Une
vingtaine de dessins réalisés au fusain et au feutre au format 20 X 30 cm croquent la ville mais aussi et
surtout ses habitants et leur art de vivre.
Isabel Kreitz
, la dessinatrice révélée en France par L’Espion de Staline et
Haarmann
, le Boucher de Hanovre s’était exprimée jusqu’ici sur des
thèmes dramatiques ou glauques. Dans les illustrations qu’elle a réalisé
en couleur pour illustrer le guide Berlin, elle s’essaie à plus de réalisme en
privilégiant les ambiances lumineuses et les atmosphères si particulières
à cette ville multiple. Plutôt que d’en représenter les bâtiments les plus
emblématiques, elle prend sur le vif les us et coutumes de ses habitants.
A partir d’un détail volé au quotidien, elle dévoile les charmes discrets
d’une ville aux allures bouillonnantes certes mais aussi débonnaires. Ici
encore, l’homme tient la vedette et est au centre de la vie urbaine. Une
entrée d’immeuble tagée, un site industriel réaffecté, une terrasse de
café, une rue animée en soirée, un balcon décrépi mais fleuri, un
cimetière romantique, tout est prétexte à nous livrer cette ville unique.