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Riverains et associations contestent le permis d'urbanisme du nouveau siège de la SNCB

La vue actuelle depuis un appartement saint-gillois

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Le long de l'avenue Fonsny, juste après l'une des entrées de la Gare du Midi, un chantier bruyant s'affaire à transformer l'ancien Tri postal en bureaux flambants neufs. La SNCB compte en effet rassembler en un lieu unique l'ensemble de ses sites éparpillés dans le quartier. 

Des gabarits disproportionnés?

En cette matinée frisquette, quelques habitants et des membres d'Inter-Environnement Bruxelles, du BRAL et du Centre de rénovation urbaine d'Anderlecht se sont rassemblés sur la Place Marcel Broodthaers pour exprimer leur opposition au permis d'urbanisme délivré par la Région bruxelloise. 

Ils n'ont aucun problème à ce que la SNCB rénove l'ancien Tri postal, à l'abandon depuis des années, au contraire. Ce qui provoque l'ire des habitants regroupés dans le comité de quartier "Midi moins une", ce sont les gabarits, comme l'explique Raphaël Rastelli. 

"Ces bâtiments le long de l'avenue Fonsny sont déjà assez imposants, assez hauts. Ils font entre 30 et 40 mètres de haut et l'idée de la SNCB c'est d'y rajouter une surélévation d'encore 30 mètres. Donc, ça veut dire qu'on va doubler à peu près les gabarits du quartier."

Sophie Feyder habite avenue Emile Feron depuis une douzaine d'années. Sa pièce de vie se situe au 3e étage, sous les toits, et lui offre une vue magnifique sur l'ancien Tri postal grâce à l'immense baie vitrée qu'elle y a installée. Si le projet de la SNCB voit le jour, "on ne pourra plus du tout voir le ciel depuis notre salle à manger, ce sera carrément du béton. On a choisi de vivre en ville, on apprécie l'aspect urbain mais en même temps, on habite dans un quartier où il y a très très peu d'espaces verts et un des petits plaisirs qu'on a c'est de pouvoir admirer le ciel et avoir un coucher de soleil. Et le nouveau siège va complètement obstruer cette vue-là."

 

Un recours au Conseil d'Etat

Riverains mécontents et associations ont décidé d'introduire un recours en annulation du permis d'urbanisme devant le Conseil d'Etat. Avec quels arguments? Claire Scohier, d'IEB, en dresse l'inventaire. "Un aspect fondamental, quand on développe un projet, c'est qu'il faut étudier les alternatives. Il y a eu une étude d'incidence et on estime que les alternatives au projet n'ont pas été suffisamment analysées parce qu'il y a une espèce de parti-pris de la part de la SNCB de vouloir un peu symboliquement faire un geste fort, un geste architectural qui conduit à cette surhausse. (...) Il y a des alternatives qui ont été analysées, qui sont bâclées. La première évidente qui aurait dû être étudiée, c'est celle de récupérer les fameux 9000 mètres carrés de l'hôtel. On n'a pas besoin d'hôtel dans le quartier et cet espace aurait pu être récupéré et réaffecté aux bureaux de la SNCB. 

Cette alternative-là n'a pas été étudiée en disant "ah mais le projet d'hôtel, c'est scindé", alors que c'est le même propriétaire, ce sont les même demandeurs, ce sont les mêmes promoteurs."

Autre argument : le PRAS (plan régional d'affectation des sols) distinque dans le quartier les fonctions administratives et les fonctions ferroviaires. Le foncier en zone administrative ne peut accueillir que des fonctions administratives (en l'espèce des bureaux) et c'est pareil pour la zone ferroviaire. Or, affirment les plaignants, une partie des bureaux débordent sur la zone ferroviaire et violent donc le PRAS. 

Un troc immobilier

L'hôtel en question, c'est l'un des éléments du deal immobilier passé par la SNCB avec le consortium en charge du chantier de rénovation. Vu le coût élevé des travaux et les finances chancelantes de la compagnie de chemins de fer, la SNCB a cédé aux promoteurs l'un des bâtiments qu'elle va quitter pour qu'ils y développent un hôtel. Un non-sens aux yeux des habitants et des associations : cet immeuble actuellement affecté aux bureaux aurait très bien pu être conservé. 

Tout comme la SNCB aurait pu garder un autre immeuble de bureaux à proximité, de construction récente, et qui, lui, va être démolli pour céder la place à du logement. Le logement qui a précisément été massivement détruit dans le quartier il y a une vingtaine d'années pour permettre le développement de bureaux. On comprend mieux le choix du poète surréaliste Marcel Broodthaers pour nommer la place née des transformations immobilières autour de la gare du Midi. 

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