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Rimbaud – Verlaine : Viœlences, un spectacle entre poésie et violences

Un coin de table (1872), peint par Ignace Henri Fantin-Latour
De gauche à droite : Paul Verlaine, Arthur Rimbaud, Elzear Bonnier, Leon Valade, Emile Blemont, Jean Aicart, Ernest d’Hervilly, Camille Pelletan. Musée d’Orsay, Paris.

© Getty Images

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Par Caroline Veyt

Caroline Veyt vous emmène au théâtre voir la pièce Rimbaud – Verlaine : Viœlences, un spectacle à voir en famille avec ses adolescents.

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La pièce s’intitule Rimbaud – Verlaine : Viœlences et elle s’adresse à tous à partir de 15 ans, à peu près. Violences au pluriel et vous allez comprendre pour quoi. Au départ, la volonté du metteur en scène, Antoine Giet, était de parler de cette histoire d’amour romantique entre deux hommes, Rimbaud et Verlaine. Et puis… il s’est vite rendu compte que le contexte politique était important et qu’il y avait toutes sortes de violences que subissaient ou auxquelles contribuaient les protagonistes.

De la violence, il y en a au sein de ce couple, on connaît tous, de près ou de loin, ce que l’on a appelé le drame de Bruxelles. C’est dans notre capitale que, le 10 juillet 1873, Verlaine a tenté d’assassiner Rimbaud en tirant sur lui à 2 reprises avec un revolver… sans succès donc. De la violence, il y en a également au sein du couple qu’a formé Verlaine avec sa femme Mathilde Mauté, qu’il quitte pour Rimbaud, non sans l’avoir maltraitée, battue.

Et puis de la violence, il y en a également dans la toile de fond politique de leur histoire. En 1871 a lieu la Commune de Paris, mouvement insurrectionnel aussi bref — quelques semaines à peine — que violent. Un mouvement auquel les femmes vont prendre une part très active et ce qui est remarquable, c’est que ce gouvernement éphémère va instaurer des changements majeurs comme la liberté de la presse, la suppression de la peine de mort, l’enseignement gratuit et obligatoire pour tous, le droit de vote des femmes ! Autant de droits que le peuple devra reconquérir par la suite… puisque le gouvernement de la Commune a eu une courte durée de vie !

Au cœur de la pièce, il y a aussi le procès de Verlaine. Il a lieu à Bruxelles puisque c’est ici qu’il a tiré sur Rimbaud. Au départ, c’est pour ça qu’il comparaît, parce qu’il a attenté à sa vie. Et finalement, ce procès prend une tout autre tournure ; ce ne sont plus les coups de feu qui sont en jeu, mais bien la suspicion d’homosexualité qui plane sur Verlaine.

Le procès est entièrement retranscrit dans le volume de la Pléiade consacré au poète — ce qui permet d’y avoir accès —, et vous le verrez si vous allez regarder le spectacle, c’est effarant de voir comment il a été examiné par le médecin qui a été mandaté par le juge d’instruction. Il a été littéralement mis à nu et ses parties génitales minutieusement analysées pour voir si on y décelait des marques d’activité pédérastique… c’est absolument atroce.

Néanmoins, si le spectacle parle beaucoup de violence, la poésie y tient une place très importante ! Il faut savoir que tous les comédiens, qui sont parfois aussi metteur en scène ou assistant à la mise en scène, font partie d’un collectif qui s’appelle Thalie Envolée et qui veut promouvoir et remettre au goût du jour la poésie. 60% du spectacle sont de la poésie pure. Après, le metteur en scène reconnaît que lui se permet pas mal de liberté par rapport à leurs poèmes qui sont tombés dans le domaine public, mais les amateurs de poésie seront conquis !

Les représentations ont lieu en plein cœur des Marolles, au Centre culturel Bruegel, rue des Renards à Bruxelles, jusqu’au 21 janvier, avec Antoine Giet, Valery Stasser, Laurie Willième et Antoine Motte di Falisse.

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