En ce lendemain de manifestation, les éditorialistes commentent les événements d’hier, et ces 35.000 personnes descendues dans les rues de Bruxelles.
Une question de vie ou de mort
Une manifestation que beaucoup souhaitaient pacifique, mais qui a dégénéré sous l’impulsion de quelques centaines de fauteurs de trouble, lit-on dans la presse.
Bilan 3 policiers blessés, de même qu’un manifestant.
" Des agents blessés "au nom de libertés !" ", titre la Dernière Heure.
D’autres quotidiens, comme le Soir rappellent que de tels rassemblements ont eu lieu ailleurs en Europe. A Amsterdam, en Autriche, ou en Italie. Avec à chaque fois ce même thème : ensemble pour la liberté.
Le Soir qui dans son édito fait un parallèle entre d’une part ces manifestants qui brandissent des pancartes, et d’autre part le journaliste de la VRT, Chris Van den Abeele, qui lui écrit des lettres.
"Diagnostiqué d’un cancer de la prostate il y a trois semaines, son traitement, urgentissime, est reporté à janvier faute de moyens et de lits en soins intensifs".
Voici ce qu’il écrit :
" J’ai une question pour ceux qui ne sont pas vaccinés ou n’ont pas l’intention de l’être : réalisez-vous que vous faites partie d’un groupe qui est responsable du fait que mon traitement, et celui de tant d’autres, doit être reporté ? Réalisez-vous – sorry d’être dramatique – que pour eux comme pour moi, c’est une question de vie ou de mort ? " C’est ce qu’il écrit.
Des patients plus silencieux ?
De Standaard aussi évoque le cas de ce journaliste de la VRT.
Chris Van den Abeele n’est pas le seul, dit le quotidien. L’association de lutte contre le cancer, "Kom op tegen Kanker" reçoit des dizaines d’appels de patients inquiets de voir leur traitement postposé.
De Standaard estime que ces patients cancéreux expriment leur préoccupation de façon bien plus silencieuse que ne le font les antivax. Mais selon le quotidien, ce sont ces malades que les politiques feraient bien d’écouter, et non pas ceux qui brandissent des pancartes. "Les patients atteints d’un cancer ont de quoi être plus en colère que les antivax."
Ils ont mené des actions ou vont encore le faire à l’avenir. L’Avenir évoque aussi ces citoyens "ne parvenant plus à joindre les deux bouts vu la hausse des prix du carburant, de l’énergie et de l’inflation galopante".
Des constats qui datent d’avant la pandémie.
"Le non-vacciné ne sera pas le bouc émissaire responsable de l’effondrement pressenti de pans de notre société", estime l’Avenir.
Les méthodes de la police qui font débat
"Mais de quel droit les policiers empêchent-ils citoyens et travailleurs de circuler ou de prendre un avion ? User de son pouvoir pour imposer ses doléances relève davantage de l’abus de pouvoir que de la légitime revendication."
Pour la Libre, ces "méthodes sont inacceptables, scandaleuses et particulièrement dommageables pour l’image d’une profession dont la légitimité repose justement sur des interventions proportionnées, légitimes et légales."
Voilà qui est clair. Les policiers apprécieront.
L’éditorialiste admet toutefois que nos services publics sont délaissés, et reconnaît les signaux de détresse envoyés par les "mondes des soignants, policiers, pompiers, enseignants ou encore de la justice, tous marqués par des manques de moyens humains et matériels".
Et pour terminer, cet appel dans la presse flamande, pour demander un débat sur le rôle des médias dans cette crise.
L’éditorialiste du Morgen rebondit en fait sur l’idée d’un de ses confrères du Laatste Nieuws. Partant du constat que les journalistes ne sont pas que des observateurs mais aussi des acteurs, ils réclament ce débat, estimant que les médias devraient être plus autocritiques.
Lister ce qui a mal tourné. Apprendre des erreurs. Et engager un débat entre les médias, sur ce qu’ils auraient pu mieux faire, au lieu de tout mettre sur le dos des politiques.
Et pour De Morgen, la tâche d’organiser ce débat incombe naturellement au principal média flamand : le média service public. "Hallo, VRT ?" Le Morgen a lancé son appel.