Quel rôle Erdogan pourrait-il jouer dans le conflit entre la Russie et l’Ukraine ? La Libre revient sur la médiation menée par le président turc. Recep Tayyip Erdogan est parvenu à convaincre la Russie de revenir dans l’accord céréalier, c’est-à-dire la possibilité pour l’Ukraine de continuer d’exporter ses céréales par la mer Noire. Comment a-t-il fait ? Les deux dirigeants, Vladimir Poutine et Recep Tayyip Erdogan, se plaisent à répéter qu’ils ont grandi dans les rues. De Leningrad pour le premier, d’Istanbul pour le deuxième. Erdogan est l’un des rares à obtenir des résultats dans sa relation à Poutine. Comment l’expliquer ?
Pour Sébastien Gobert, Erdogan ne manque pas de moyens de pression pour contrarier son homologue russe. Et il les emploie à loisir. Les Européens devraient-ils alors s’en inspirer ? Non, dit l’éditorialiste. Il ne faut pas ériger Erdogan, "autocrate au jeu trouble", en modèle politique. Même s’il nous a prouvé, encore une fois, que Vladimir Poutine ne répond qu’au rapport de force. Quand il parle à Moscou, Erdogan "ne s’obstine pas dans la recherche épuisante d’un consensus". "Il y va quelquefois au bluff. Et il obtient des résultats." Les Occidentaux devraient explorer ce logiciel de pensée pour mettre fin le plus vite possible à ces atrocités en Europe.
Poutine-Trump : le pacte secret
Si Poutine vient de négocier avec Erdogan, en 2016, c’est avec un certain Donald Trump qu’il signait un accord. Un pacte secret, pour se partager le monde. Sudinfo revient sur cette enquête, du New York Times, qui a dévoilé le contenu de ce plan. " D’un côté, la cyber-armée du leader du Kremlin sabotait autant que possible la campagne présidentielle d’Hillary Clinton, la rivale de Donald Trump dans la course à la Maison Blanche. Et en contrepartie, Donald Trump aurait promis, une fois élu président, de laisser les mains libres à la Russie pour envahir l’Ukraine."
Depuis, les preuves concernant le rôle joué par les hackers russes dans la victoire de Trump en 2016 se sont accumulées et elles sont crédibles. "Mais on n’ose imaginer comment le conflit en Ukraine aurait pu évoluer si aujourd’hui, le locataire de la Maison Blanche n’était pas Joe Biden mais Donald Trump", souligne Sudinfo.
On n’aurait certainement pas vu cette réponse unie et déterminée de l’Occident face à l’agression russe. Et nul doute que les Européens auraient souffert bien plus encore de ce conflit.
Huit mois d’un conflit dont certains profitent
A côté "des prises de position fermes et des sanctions à tire-larigot", à côté des aides économiques et militaires à l’Ukraine, il en est qui ne croulent pas sous les scrupules, écrit l’éditorialiste de la Dernière Heure. Certains continuent d’entretenir d’étroites relations commerciales avec la Russie.
Brésil, chine, Inde ou Turquie ont vu grimper leurs échanges commerciaux avec Moscou. Ce qui n’étonne pas beaucoup. Mais ils ne sont pas les seuls : la Belgique figure aussi sur cette liste : +81% selon des chiffres publiés par le New York Times.
Des boîtes belges se gavent et bâtissent des fortunes. "Le phénomène n’est pas neuf mais les affaires ne connaissent pas les guerres. Combien de fortunes n’ont pas été fondées voire amassées durant le second conflit mondial ? Des entreprises qui aujourd’hui encore ont pignon sur rue."
Si on ne peut plus commercer avec la Russie, peut-on se tourner vers la Chine ?
Développer ses relations commerciales avec la Chine, c’est bien l’intention d’Olaf Scholz. Le chancelier allemand est à Pékin, avec une armée de chefs d’entreprise. Il doit rencontrer le président Xi Jinping. Et ça passe mal auprès de ses partenaires européens, à l’heure où l’Union voudrait réduire sa dépendance à la Russie mais aussi à la Chine.
Pour le quotidien économique De Tijd, la question, c’est de savoir si l’Allemagne, et par extension l’Europe, peuvent ignorer la Chine et l’ignorer économiquement. Poser la question, c’est y répondre, écrit l’éditorialiste. La Chine est un fournisseur majeur de toute une série de produits et de matières premières dont l’Europe ne peut se passer.
Et puis, la Chine est un grand marché qui attire les entreprises européennes, et pas seulement allemandes. Donc, d’une certaine manière, il y a une dépendance mutuelle.
Le problème, c’est que chacun fait primer ses propres intérêts économiques. Il faudrait une politique cohérente de l’Europe à l’égard de la Chine. Sinon Pékin va continuer de profiter d’une Union divisée.
En tout état de cause, Olaf Scholz devrait avoir appris la leçon : il faut éviter une dépendance unilatérale, comme celle de l’Allemagne avec le gaz russe. Le chancelier allemand doit éviter le scénario d’un Nord Stream chinois. Et là encore, il faudra faire preuve de diplomatie.