Monde Amérique du Nord

Révocation du droit à l'avortement aux Etats-Unis : une victoire symbolique pour les mouvements combattant les lois IVG

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Par Sandro Faes Parisi

La révocation du droit à l'avortement par la Cour suprême des États-Unis représente "une victoire symbolique pour les mouvements" combattant les lois IVG et leur "donne de la légitimité", a expliqué vendredi à Belga Anne-Sophie Crosetti, sociologue à l'Université Libre de Bruxelles travaillant sur la question de l'avortement.

La décision de la Cour suprême américaine ne rend pas les avortements illégaux de facto mais donne la liberté à chacun des 50 États du pays de décider de les autoriser ou non. La moitié des États devrait l'interdire.

Cela aura des conséquences très pratiques pour les femmes vivant dans les États opposés au droit à l'IVG. "Les plannings familiaux le craignent: lorsque l'avortement n'est pas autorisé, cela ne veut pas dire qu'il ne sera pas réalisé mais plutôt qu'il sera pratiqué dans de mauvaises conditions, qui pourront mettre en danger la vie des femmes", expose Mme Crosetti. Des méthodes "artisanales" clandestines feront place aux pratiques légales, dans des plannings familiaux ou des hôpitaux. Or, "une femme peut mourir d'un avortement mal réalisé".

La liberté donnée à chaque État de légiférer en la matière va également créer des inégalités entre les femmes, certaines disposant des ressources nécessaires pour se déplacer dans un État autorisant l'IVG tandis que d'autres devront le réaliser dans de mauvaises conditions, ajoute la sociologue.

Cette "victoire symbolique" des mouvements qui se disent "pro-vie" donne en outre de la "légitimité à ces mouvements. Cela leur donne de l'espoir de voir qu'on peut effectivement revenir sur ces lois, qu'il ne s'agit pas d'un droit normalisé", analyse Mme Crosetti. "Cela les légitime dans leur combat" mais montre aussi que le droit à l'avortement n'a "jamais été complètement acquis".

Un droit, sans loi

Mais pourquoi ce droit, consacré aux États-Unis depuis 1973, n'a-t-il jamais été normalisé ? Difficile de répondre, selon la sociologue. Une piste pourrait être que cela touche à la sexualité, et encore plus à la sexualité des femmes, un sujet longuement tabou dans les sociétés patriarcales.

Par ailleurs, les opposants à l'avortement formulent essentiellement leur opposition en termes de "culture de vie", estimant qu'il est "scientifiquement irréfutable qu'un embryon, un fœtus, est une vie humaine", explique Anne-Sophie Crosetti. Avorter serait toucher à la vie humaine, ce que ces militants dénoncent. Cette opposition rassemble d'ailleurs les mouvements dits "antigenre", comprenant les opposants au mariage entre personnes de même sexe par exemple. "Être contre l'avortement est quelque chose qui les rallie malgré leurs différences."

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Journal télévisé du 24/06/2022 :

USA : la Cour suprême attaque le droit à l'avortement

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